Le vendredi 15 mars 2013, le monde a connu un bouleversement. La communauté internationale, réunie à l’ONU deux semaines durant pour discuter de la violence à l’égard des femmes, venait de signer des conclusions concertées. Dix ans auparavant, elle avait échoué. Pas cette fois.
En 2013, la violence contre les femmes est un fait avéré et reconnu par tous. Les gouvernements n’ont plus le droit de l’ignorer, ils se doivent désormais de prendre des mesures concrètes dans le sens de son éradication. La signature du document clôturant la Commission de la condition de la femme est un premier pas.
Un texte historique
Historique, ce texte insiste sur le besoin d’éducation et de sensibilisation des populations aux violences et aux inégalités politiques, économiques et sociales subies par les femmes à travers le monde. Il reconnaît expressément les formes spécifiques de violence que les femmes rencontrent – notamment la violence domestique et la violence en temps de guerre – et demande qu’elles reçoivent des réponses appropriées. En particulier, les Conclusions sont acclamées pour leur recommandation de protéger les droits sexuels et reproductifs des femmes, sujet sur lequel les négociations furent âpres. Elles demandent également aux Etats d’offrir aux femmes un corpus législatif criminalisant les violences à leur encontre, d’assurer la fin de l’impunité que connait une majorité des auteurs des violences, et d’améliorer l’accès des femmes à la justice.
« Notre espoir est que l’égalité entre les sexes devienne une réalité au XXIe siècle », a déclaré Michelle Bachelet, Directrice exécutive d’ONU-Femmes. L’ancienne présidente du Chili, qui a dédié ses deux dernières années à l’amélioration de la condition de la femme à travers le monde, a eu l’honneur de voir son travail aboutir avec l’adoption des conclusions concertées vendredi dernier. Elle a par ailleurs décidé de quitter son poste sur ce succès, annonçant qu’elle allait se consacrer de nouveau à la vie politique de son pays.
Y aura t-il une volonté politique pour mettre en œuvre les mesures ?
Cependant, ce pas enfin franchi par la Communauté internationale n’est pas monumental. Loin de là. Les Etats ont eu beau s’engager pour combattre la violence à l’égard des femmes, ils n’ont toujours aucun compte à rendre. Aucun instrument international n’a été créé afin de s’assurer que les gouvernements prennent les mesures nécessaires et mettent en œuvre des plans concrets de lutte contre la violence à l’égard des femmes. Bien sûr, en signant les conclusions concertées, ils sont supposés s’investir dans la promotion de l’égalité entre les sexes et dans la prévention de cette violence. De manière générale, ils sont censés introduire une perspective de genre dans toute politique, toute législation, tout programme qu’ils promeuvent.
Mais encore une fois, le texte compte sur la bonne volonté des gouvernements de traduire leurs paroles en actes. Les ONG de droits de l’Homme et droits des Femmes sont nombreuses à protester contre ce document, qui risque fortement de ne devenir qu’un autre texte bon à citer dans les conférences internationales sur les droits des femmes. Alors que la communauté internationale affirme, dans les conclusions, vouloir « accélérer » ses efforts et la mise en place de lois pour lutter contre cette violence, elle ne s’en donne pas les moyens réels. Les pays se sont donc engagés à concentrer leurs actions sur la protection des femmes. Mais depuis quand les gouvernements mettent-ils en œuvre leurs promesses faites à l’ONU ? Il y a fort à parier que la situation des femmes ne s’améliore toujours que très lentement, et que les violences qu’elles subissent ne se résorbent pas de sitôt.
Cléo Fatoorehchi