La 36e édition du Festival international de films documentaires Cinéma du réel se tient du 20 au 30 mars 2014 à Paris. A l’écoute de ce qui se produit de plus notable dans le genre aux quatre coins du monde, ce festival est l’un des plus prestigieux festivals documentaires en Europe. Maria Bonsanti, qui en est la directrice artistique depuis deux ans explique l’impulsion qu’elle veut lui donner et commente les engagements du cinéma documentaire.
Démultiplier la richesse et la diversité du festival
Depuis deux ans, Maria Bonsanti qui codirigeait le festival dei Popoli de Florence a pris la direction artistique du festival. Elle connaissait le Cinéma du réel depuis longtemps, elle y participait souvent en tant que professionnel et en appréciait la grande qualité. Mais elle insiste sur la forte identité de ce festival qu’elle veut conserver. Ainsi, il ne s’agit pas pour elle de proposer des révolutions majeures mais plutôt des petits changements liés à une constante volonté de valoriser le Cinéma du réel au milieu des festivals internationaux. Pour accroître son rayonnement à l’étranger, elle cherche à démultiplier la richesse et la diversité du festival, aussi bien dans la provenance des films que dans le spectre des professionnels qui y participent.
Des films qui peuvent être vus par un large public
Pour, Maria Bonsanti, un second enjeu fondamental réside dans la volonté d’accroitre les possibilités de circulation du cinéma documentaire. Sa conviction que des films documentaires peuvent être vus par un public large est ainsi au cœur des enjeux de l’édition 2014 du festival. Cette volonté se reflète non seulement dans la sélection des films de cette édition, mais aussi – et peut être surtout – dans la création de Paris-DOC, où, pour la première fois, trois journées seront entièrement dédiées à la diffusion du cinéma documentaire. Le festival du Cinéma du réel élargit ainsi son offre professionnelle. Il s’agit d’encourager la diffusion du documentaire en proposant des activités de formation et en favorisant les rencontres entre professionnels. Pour Maria Bonsanti, la meilleure circulation du cinéma documentaire est un enjeu crucial. La création et le développement d’espaces qui suscitent et catalysent la réflexion sur ce thème participent à cet objectif.
L’idée d’un lieu de réflexion partagée est d’autant plus pertinente et appropriée que le festival du Cinéma du réel se revendique comme la « plaque tournante » du cinéma documentaire : « Le festival doit être ainsi un lieu de partage ». Et Maria Bonsanti précise : « Pour que le cinéma documentaire prenne de l’ampleur, il faut les gens aient envie de parler de ce qu’ils ont vu. C’est essentiel, aussi bien du coté artistique que professionnel de ce festival ».
L’édition 2014 : la vie en communauté et le vivre ensemble
Le festival est de fait un festival engagé : « l’angle d’un documentaire relève toujours d’un choix » nous rappelle Maria Bonsanti. La sélection elle-même relève d’un engagement puisque, de la même façon, elle est le fruit d’un choix dans les « messages » que l’on veut donner à voir.
Plus spécifiquement, l’édition 2014 du festival est marquée par des films et des regards sur la vie en communauté. Maria Bonsanti relève, parmi d’autres, des films qui ont un fort potentiel cette année. Le documentaire de Dieudo Hamadi produit au Congo, Examen d’état, en fait partie. Un groupe de lycéens de Kisangani, qui n’ont pas les moyens de s’acquitter de la « prime des professeurs », s’organise pour préparer ensemble l’examen d’État. Dans la compétition française, c’est le documentaire, Trois cents hommes de Emmanuel Gras et Aline Dalbis qui retient son attention. Se référant aussi à une expérience communautaire, il raconte le quotidien d’un centre d’accueil de nuit de Marseille. Enfin, Si j’existe, je ne suis pas un autre de Olivier Dury et de Marie-Violaine Brincard, qui nous fait vivre le quotidien de lycéens que leur parcours scolaire rejette dans les marges, est aussi le témoignage poignant d’une expérience communautaire
La force du documentaire : créer des nuances
L’engagement du documentaire se matérialise ainsi dans des films qui suivent et respectent les règles et l’éthique du documentaire, mais interrogent aussi sur la société et le politique – le vivre ensemble. Iranien, film de Mehran Tamadon, non seulement s’adresse à un public qui va bien au-delà des producteurs, réalisateurs et cinéphiles, mais pose des questions majeures, qui ont trait à la politique. Mehran Tamadon est un Iranien qui réside en France. Il revient dans sa maison de famille des environs de Téhéran pour débattre avec des « défenseurs de la République islamique d’Iran ». Réaménagé pour l’occasion, le salon servira de territoire partagé où lui, l’athée, et eux, les trois religieux, vivront ensemble selon une « constitution » rédigée d’un commun accord. Maria Bonsanti insiste sur ce documentaire qui montre comment il est possible de chercher le dialogue, même avec ceux dont on ne partage pas les idées. Il nous montre que, parfois, celui qui « perd » ne renonce pas à chercher et à trouver un moyen de vivre ensemble. Maria Bonsanti croit à cette force que le documentaire a de créer des nuances, qualité qui nous rapproche de la réalité et en révèle la complexité.
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