L’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, a publié la semaine dernière des chiffres terrifiants sur la violence contre les enfants dans le monde. Nulle part épargnés, ils font face à cette violence, que certains ont qualifiée d’endémique, à travers tous les pays et toutes les classes de la population.
C’est une bombe que lance l’UNICEF en révélant dans un rapport édifiant qu’une fille sur 10 parmi les moins de 20 ans serait victime de viol ou d’abus sexuels dans le monde et 6 enfants sur 10 entre 2 et 14 ans seraient battus par leurs parents ou tuteurs.
Le rapport porte bien son nom : « Cachée sous nos yeux ». En effet, le monde viendrait seulement de s’éveiller et de prendre conscience de cette situation. Vraiment ?
On a déjà sonné la sonnette d’alarme plusieurs fois
Cela fait pourtant bien une décennie que le chiffre d’« 1 sur 3 » est connu – et, remarquons le, qu’il est malheureusement constant. En effet, « en moyenne, au moins une femme sur trois est battue, victime de violence sexuelle ou autrement maltraitée par un partenaire intime au cours de sa vie », nous dit ONU-Femmes.
Ce chiffre a été confirmé l’année dernière, lorsque l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé a publié les résultats de son étude mondiale sur la prévalence de la violence contre les femmes.
Or, on se doute bien qu’être victime de violences « au cours de sa vie » inclut l’enfance. Il s’agit même d’une période de vulnérabilité particulière puisque la fille n’a pas tous les droits ni les ressources qu’a, sur le papier tout du moins, la femme.
La violence domestique contre les enfants n’est pas nouvelle non plus. En 2010, l’UNICEF avait publié un rapport sur son étendue dans les pays en développement. Il montrait notamment qu’il s’agissait d’une pratique dangereusement ordinaire, combinant la plupart du temps la violence psychologique à la violence physique.
Plus largement, en 2006, Paulo Sérgio Pinheiro, alors Expert indépendant chargé de l’étude des Nations Unies sur la violence à l’encontre des enfants, a clairement annoncé au monde « l’horrible ampleur de toutes les formes de violence qu’infligent les adultes sur les filles et garçons à travers le monde. » Avant d’ajouter qu’il était « impératif » qu’on y mette fin. On peut toujours rêver !
Pourquoi, alors, sommes-nous toujours choqués ?
Ma première hypothèse serait que la communauté internationale n’a, en vérité, que faire de l’ONU et des rapports publiés par ses organismes ou par d’autres organisations internationales. Alors, oui, lorsque les chiffres, toujours plus effrayants, sortent, on s’indigne et on se dit que ce n’est pas possible, pas dans notre époque civilisée ; puis très vite on oublie et on retombe dans notre apathie habituelle.
Car oui, même en 2014, les adultes battent les enfants pour les élever ; les enfants harcèlent et agressent d’autres enfants ; les adultes en guerre vont délibérément choisir de violer de jeunes filles et garçons afin de détériorer le moral des troupes adverses ; les maris punissent leurs jeunes femmes à coups de bâton ; les adolescents sont tués à cause de rivalités entre gangs… pour ne citer que quelques cas de violence contre les enfants.
Une deuxième hypothèse serait que les recommandations données à chaque nouveau rapport sont, au choix : pas suivies – mal mises en œuvre – ignorées – considérées peu importantes face au chômage et à d’autres considérations économiques. Puisqu’après tout, les droits humains, c’est bien gentil mais cela ne va pas nous donner à manger, pense-t-on.
Mais imaginons, pour quelques secondes, que la femme, l’enfant et l’homme aient des droits pareillement respectés dans la société. Alors, on peut espérer que les violences à l’encontre des enfants – mais aussi celles à l’encontre des femmes et celles, souvent ignorées, à l’encontre des hommes – prendront fin.
Le rapport peut être téléchargé ici : http://www.unicef.org/french/endviolence/