Opinion Paris 2024
22H07 - mardi 25 juin 2024

Etienne Thobois, directeur général du Comité d’organisation de Paris 2024, dans les yeux de Paris 2024, la chronique #42 de Frédéric Brindelle

 

Dans un mois, la grande fête des Jeux Olympiques pourra commencer.

La cérémonie d’ouverture, tant redoutée, se déroulera sur la Seine. Espérons-le en tout cas.


Etienne Thobois, le directeur général du Comité d’organisation de Paris 2024, bras droit de Tony Estanguet, se livre avec passion.
L’interview se déroule à bord d’un bateau accosté sur le fleuve parisien. Rien ne semble refroidir l’enthousiasme de cet ancien sportif de haut niveau.

 

Etienne Thobois, vous, l’ancien grand joueur de badminton devenu directeur de l’organisation des Jeux Olympiques de Paris… Quand vous vous levez chaque matin, quelles sont vos émotions ? Est-ce que vous savourez ce chemin parcouru ?
C’est quelque chose que je mesure depuis longtemps. J’ai fait partie, comme Athlète, de la candidature de Lille en 2004, puis de celle de Paris en 2008. Je travaillais alors sur les dossiers financiers. J’ai participé à la candidature de 2012 puis à celle de 2017, qui nous a permis de décrocher le graal et cette superbe opportunité de faire vivre aux Français quelque chose d’extraordinaire. D’offrir au monde du sport une ville merveilleuse, de faire des jeux qui marqueront notre histoire collective.

Participer à tout cela, je le vis comme un privilège. Un privilège que je mesure tous les jours, à la fois comme ancien athlète mais aussi comme partie prenante de l’organisation.

J’ai la chance de faire de ma passion, mon métier. Je travaille avec des personnes extraordinaires. Tony Estanguet, notre leader, incarne l’ambition de ce projet de manière extraordinaire. Les pouvoirs publics, l’ensemble des partenaires, tous nos fournisseurs, chacun est en trajectoire vers un seul objectif : celui de réussir des jeux spéciaux, spectaculaires, en lien avec leur temps, sur de grandes problématiques de société comme la parité ou encore le handicap avec les Jeux Paralympiques, et même le développement durable. Des engagements pris par le comité sur lesquels nous serons au rendez-vous. C’est une fierté. Une excitation toute particulière.

Donc, pour répondre à votre question, le matin quand je me lève, j’ai la banane.

 

Et pourtant, rien ne vous a été épargné ! Il y a cette situation internationale qui est très tendue, la pression Russe, le conflit entre le Hamas et Israël qui se répercute sur le territoire Français. Le président vous a rajouté une dissolution… Est-ce que, de temps en temps, vous vous dites le moment et les conditions rendent la tâche gigantesque ? Et que dire de cette cérémonie d’ouverture si périlleuse en matière de sécurité…
Quand on regarde dans le rétroviseur, on se rend compte que sur un projet de cette taille, il se passe toujours des choses. Je n’aurais pas aimé être à la place de nos amis japonais et être obligés de décaler d’un an la livraison des Jeux Olympiques. Quant à Rio, entre Zika et la destitution de Dilma Roussef, ce n’était pas non plus un long fleuve tranquille. Londres a eu son lot avec la crise financière, …

Donc quand on s’engage dans ce type de projet, on sait qu’on va avoir des épreuves, des imprévus, et c’est tout l’enjeu d’ailleurs d’avoir une gouvernance solide, avec de la cohérence, de la constance, de l’ambition. Tony Estanguet a tenu le cap par rapport aux ambitions pour qu’à la première tempête, le cap reste identique.

Aujourd’hui, à 30 jours des Jeux, on doit rester humbles. Des choses vont encore se passer. Mais cette cérémonie sur la Seine, va être un moment phénoménal, un moment unique. On va marquer l’histoire ! Cela n’arrive pas souvent dans les organisations. Ce n’est qu’une fois par siècle.

Quant à la situation internationale, on n’a jamais eu autant besoin des Jeux et de défis collectifs positifs. On n’a jamais eu autant besoin de s’ouvrir et de célébrer via le sport. C’est une forme d’universalité que l’olympisme permet. Nous sommes à notre place, dans notre temps. Pouvoir faire rayonner la France, le pays, le sport, au travers de ces Jeux olympiques et paralympiques de 2024 c’est essentiel.

 

Revenons sur les spécificités de votre métier d’organisateur des JO. Vous devez recevoir des pressions de toutes parts Aujourd’hui, qui est le plus pressant ? Le pouvoir politique ou le pouvoir sportif ?
Vous devez être un super diplomate ! Faites-nous vivre votre job de l’intérieur…
L’essentiel est d’avoir une boussole claire. Tony Estanguet a toujours dit « les athlètes au cœur du projet ». Donc, les athlètes sont au cœur du projet, et nos décisions sont décidées et déclinées selon ce leitmotiv.

Nous avons toujours dit la sécurité est fondamentale. Il ne peut pas y avoir de célébrations et de fête sans sécurité. Donc, tout est fait dans ce sens avec comme seule priorité la sécurité.

Quand vous avez une vision claire, des hiérarchies claires, finalement, les décisions se prennent assez logiquement, et tout le monde suit. Parce qu’elles correspondent à une logique, à une cohérence, à laquelle tout le monde a souscrit, même si, parfois, nous n’avons pas les mêmes temporalités. Mais à la fin, ça matche. C’est la réussite des jeux.

Tout le monde est animé par cette même envie de nous rendre fiers d’accueillir le monde et de permettre aux athlètes du monde entier de nous faire rêver.

 

Frédéric Brindelle
Journaliste, chef de rubrique « Opinion Paris 2024 »