Opinion
10H34 - mercredi 3 juillet 2024

Mais qui sont-ils pour donner des palmes de républicanisme aux uns et pas aux autres ? La Tribune de Michaël Bullara

 

Dans notre Pays, le terme « républicanisme » est souvent brandi comme une bannière de légitimité et de moralité politique. Il incarne les valeurs de liberté, égalité, fraternité et laïcité qui fondent notre République. Toutefois, un phénomène inquiétant semble émerger : la tendance à distribuer des « palmes de républicanisme », à désigner arbitrairement qui est un bon ou un mauvais républicain. Cette pratique non seulement divise notre société, mais elle trahit également l’essence même du républicanisme.

Le républicanisme ne se prête pas à une interprétation sectaire. Il repose sur des principes universels qui transcendent les affiliations politiques et idéologiques. Toute tentative de monopoliser ces valeurs, de les réduire à un label que certains peuvent accorder ou retirer à leur guise, sape la cohésion nationale. Le républicanisme appartient à tous les citoyens, indépendamment de leurs opinions, de leurs origines ou de leurs croyances.

Attribuer des palmes de républicanisme revient à établir un tribunal idéologique où quelques-uns se positionnent comme les gardiens autoproclamés des valeurs républicaines. 

Mais qui sont-ils pour juger ? 

Qui leur a donné cette autorité ? 

En réalité, ce processus est profondément antidémocratique. Il nie la diversité des points de vue et la richesse du débat public qui sont pourtant les piliers d’une démocratie saine.

Ces élections législatives du 30 juin 2024 en sont une illustration flagrante.

Les résultats de ce dimanche ont mis en lumière cette tendance à accorder ou retirer des palmes de républicanisme selon les intérêts partisans. Depuis hier, certains candidats sont salués comme des modèles de républicanisme, tandis que d’autres sont vilipendés pour leurs supposées déviations.  

Cette polarisation éclipse les véritables enjeux des élections, détourne l’attention des citoyens des débats essentiels pour notre avenir commun et les projets que chaque candidat porte, tant sur la scène nationale qu’internationale.

Jusqu’à dimanche prochain, il y a fort à parier que cette distribution de palmes sera utilisée comme un outil visant à disqualifier des adversaires politiques en les étiquetant de « mauvais républicains », tout en se positionnant soi-même comme le défenseur exclusif des valeurs républicaines.  

Ne nous laissons pas berner par une polarisation nuisible qui fragmente notre société et entrave toute tentative de dialogue constructif.

Le républicanisme n’est pas un outil de pouvoir, mais un idéal commun. 

Nous devons être vigilants face à toute tentative de confiscation de cet idéal par des groupes ou des individus qui cherchent à imposer leur vision restrictive uniquement pour se maintenir. 

Le débat démocratique doit rester ouvert et inclusif, respectant la pluralité des voix et des opinions.

 La véritable force de la République réside dans sa capacité à rassembler, non à diviser.

En fin de compte, la véritable question est de savoir comment nous pouvons tous, ensemble, incarner et défendre les valeurs de notre République. 

Le républicanisme n’est pas un trophée à gagner, c’est un héritage à honorer et à protéger. Celui de la République Française.

 

Michaël Bullara
Expert en accompagnement d’élus et dans la mise en œuvre de politiques publiques 
Chargé d’enseignement en communication à La Sorbonne