Edito
10H33 - lundi 29 juillet 2024

Est-il encore politiquement correct de dire qu’on a aimé la cérémonie d’ouverture des JO Paris 2024 ? La Chronique de Patrick Pilcer

 

Quel déluge de critiques après cette belle cérémonie d’ouverture des JO Paris 2024 ! La France est-elle devenue un pays de « vieux réacs » ? Peut-on encore apprécier une œuvre pour ce qu’elle est, la création d’un artiste, ou faut-il ne la regarder que sous le prisme d’une lecture politique ou sociologique ?

Comme toute œuvre artistique, cette cérémonie cherchait à créer une émotion, à faire appel à notre culture. Et le but a été pleinement atteint. Même les critiques acerbes démontrent s’il en était besoin que nous avons tous été touchés en plein cœur.

Bien sûr, certains choix peuvent être discutés, ce qui m’émeut n’émeut pas de la même façon mon voisin. On ne peut pas plaire à tout le monde. Mais, objectivement, qui n’a pas apprécié au moins une partie de cette cérémonie, sinon la majeure partie, sinon son ensemble ?

Les critiques portent essentiellement sur la présence nombreuse d’artistes LGBT+, sur un prétendu blasphème, sur l’apologie de l’amour à trois. Personnellement, le seul moment que j’ai moins apprécié fut la prestation de Aya Nakamura avec la Garde Républicaine devant l’Académie Française. On comprenait mal son texte, ce qui se conçoit bien s’exprime clairement dit-on, là la clarté n’était pas limpide, et les militaires qui se dandinaient autour d’elle semblaient forcer leur attitude. Mais il fallait essayer ce mélange, ce melting-pot.

Sur le prétendu Blasphème, les artistes voulaient représenter le festin des dieux de Jan van Biljert avec Bacchus au centre, ici en bleu, nu. Ce banquet est au Mont Olympe pour célébrer le mariage de Thétis et Pelée. On comprend le lien avec les Jeux Olympiques. Cette œuvre est exposée dans un musée français. Mais comme toute œuvre artistique, chacun a sa propre interprétation, et très vite certains y décelèrent une caricature de la Cène de Léonard de Vinci, une grande peinture murale dans un couvent en Italie, pas en France. L’œuvre échappe à son auteur, et tant mieux. Et blasphème suprême, cette pseudo-cène fut interprétée par des « drag queens ». Et alors !

Depuis quand le blasphème est-il interdit en France ? Les critiques, venant essentiellement de l’extrême-droite et de Mélenchon, devraient améliorer leur connaissance de l’art comme de notre culture politique. Il est permis de blasphémer. On peut caricaturer Mahomet, certains sont même morts pour avoir exercé ce droit. On peut caricaturer la Cène. D’ailleurs Léonard de Vinci a lui-même interprété très librement ce fameux repas de la Pâque Juive, dernier repas de Jésus avec ses proches. Dans son tableau, Marie Madeleine remplace Jean !

Une œuvre d’art majeure provoque souvent des réactions fortes voire délirantes. Rappelons-nous les propos outranciers après la première exposition de l’Origine du Monde de Gustave Courbet, un sexe d’une femme les cuisses écartées. Très vite, cette œuvre, très provocatrice pour l’époque, banale aujourd’hui, fut considérée comme un véritable chef-d’œuvre.

Rappelons-nous les réactions après les poèmes de Baudelaire, les fleurs du mal par exemple, comme après tant d’œuvres, aujourd’hui reconnues comme majeures, essentielles. Ne tombons pas dans la censure ou l’autocensure !

Même si souvent ces œuvres évoquaient l’usage de substances stupéfiantes, l’homosexualité ou le libertinage, personne ne pensait ou ne pense que ces œuvres faisaient l’apologie de ces produits ou de ces comportements. Personne ne disait que la France était ou n’était pas cela. L’art, la créativité, l’audace sont à prendre comme tels. Non pas une portée politique, non pas l’apologie, mais l’émotion !

J’aurais mieux compris des critiques fortes sur les travaux très coûteux d’amélioration de la qualité de l’eau de la Seine, 1,4 milliard d’euros ! Une infrastructure qui ne fonctionne pas quand il pleut fortement… Cela pourrait inciter à rire, mais avec notre argent ! Ne pas intégrer les gros orages d’été, très fréquents, avec autant d’argent public dépensé, trop fort !

Le « Ni-Ni », ni Mélenchon ni extrême droite c’est aussi cela, ne pas laisser place à la censure, nous sommes Français, nous pensons libres, nous sommes libres-penseurs par essence, et cette belle cérémonie était éminemment inspirée par l’esprit français, portée par nos Hautes Valeurs de Liberté Egalité Fraternité Laïcité !

Bravo pour cette belle cérémonie qui nous a émus. L’émotion nous met en mouvement, nous bouge, nous agite, nous touche par surprise comme par joie.

Ce fut là une vraie réussite. Non à la censure, oui au droit de blasphème, Vive la Liberté l’Egalité la Fraternité la Laïcité, vive la République vive la France !

 

Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale

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