Human Rights
05H18 - vendredi 20 mai 2011

La Suède et les droits de l’Homme, ou comment exister sur la scène internationale

 

Mieux connue pour son modèle social d’Etat-providence, la Suède a développé un exemple singulier de politique étrangère. Nation mineure pour laquelle la gloire se conjugue au passé, le pays a cherché à percer sur la scène internationale malgré tout, notamment à travers la promotion des droits de l’Homme.

Un rôle moteur parmi les nations occidentales

Les déclarations de la Suède en matière de politique étrangère manifestent une volonté de se poser en garant des droits de l’Homme. Le pays a fait le choix de promouvoir son action, afin d’encourager les autres démocraties occidentales à l’imiter, en particulier les grandes puissances. L’interventionnisme humanitaire suédois tire sa légitimité du devoir d’ingérence dans le cadre de la responsabilité de la communauté internationale à protéger les populations sujettes à des violations des droits de l’Homme.

S’appuyant également sur sa crédibilité nationale en matière de défense des droits et libertés, le pays créateur de l’ombudsman[1] a pris le soin d’afficher ses actions et sa philosophie politique sur un site internet mis en place en 2002, et entièrement consacré aux droits de l’Homme.

Une politique récemment approfondie

En redéfinissant l’intégration des droits de l’Homme dans sa politique étrangère au cours de la décennie écoulée, la Suède a cherché à approfondir son engagement. La problématique des droits de l’Homme doit dorénavant être au cœur de chaque domaine d’action internationale de l’Etat suédois, à savoir la coopération au développement et les politiques migratoire, environnementale, commerciale et sécuritaire. Le pays est actif sur le plan international apportant son soutien aux transitions démocratiques et la défense de l’Etat de droit dans le monde. Il lutte également pour l’abolition de la peine de mort, contre la pratique de la torture et pour le renforcement de la liberté d’expression. Egalitarisme nordique oblige, le combat contre toute forme de discrimination dans le monde et pour l’égalité de traitement est une priorité.

Une forte activité malgré un panel d’actions limité

C’est par l’usage du droit que la défense des droits de l’Homme est la plus efficace. La Suède effectue notamment un travail de fond au sein de l’Union européenne, des Nations Unies et de l’OSCE, instances pour lesquelles la question du droit international humanitaire compte, afin de développer le droit international humanitaire et de le rendre plus contraignant. Ainsi, le pays étant connu pour son attachement à l’égalité des sexes, c’est tout naturellement que la Délégation suédoise pour le droit international a dirigé une série de travaux visant à introduire plus efficacement une perspective de genre dans le droit international humanitaire. Complétant le travail des ONG, la Suède publie régulièrement des rapports sur la question, offrant des services d’expertise et se faisant le relai des organisations.

L’utilité de l’aide au développement

La Suède profite de sa présence dans les pays en développement pour y cultiver la promotion des droits de l’Homme. Mais cette démarche est également perçue comme une stratégie à long terme : l’enrichissement et l’éducation des populations est censé développer leur conscience politique, ainsi que la démocratie. L’Agence suédoise pour la coopération internationale au développement (Sida) met en œuvre notamment de nombreux partenariats de coopération binationaux. Un de ces projets a par exemple pour but de combattre les violences contre les femmes en République Démocratique du Congo. D’autres initiatives ciblent le système judiciaire ou policier.

La Suède est fière de son engagement international : les Suédois voient leur politique étrangère comme un modèle, à l’opposé de tout scandale. Mais si la Suède est tant active, c’est aussi par opportunisme et pragmatisme : les droits de l’Homme, comme l’aide au développement, lui permettent d’exister sur la scène internationale, alors que ses contraintes démographiques et géopolitiques en font a priori un nain diplomatique.

Stéphane Pringuet

SR : Noemi Carrique et Camille Dumas

[1] Terme né en Suède en 1809 qui désigne aujourd’hui dans de nombreux pays l’équivalent de la fonction de médiateur de la République ou de Protecteur du citoyen. (Source: Wikipedia)