Les 21 et 22 mai, la Ville de Paris installe pendant deux jours le Village du Jasmin sur le parvis de l’Hôtel de Ville et rend hommage à la Tunisie nouvelle. Au programme : exposition de photos de la révolution, interviews d’historiens et d’artistes sur grand écran, animations de rue, parcours olfactif, tombola solidaire, dégustation de produits du terroir et de thé au jasmin, cours de Darbouka, spectacles chorégraphiques, conteurs d’histoires anciennes… Le tout gratuit ! De quoi donner envie aux Français d’aller passer leurs vacances en Tunisie.
C’est sous un « ciel tunisien » comme l’a précisé Bertrand Delanoë au ministre tunisien du tourisme Mehdi Haouas que s’est ouvert le village du Jasmin, deux jours (21 et 22 mai) où Paris accueille la Tunisie. Initiative du Maire de Paris pour soutenir les Tunisiens dans cette phase de l’après révolution en invitant les parisiens à découvrir ou redécouvrir une Tunisie que la révolution a sans doute changée mais surement pas abimée. Un changement qu’on pourrait présager aussi pour les relations franco-tunisiennes dont il a été particulièrement question cette semaine, puisque le ministre de l’intérieur Claude Géant a été reçu à Tunis puis le premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi à Paris par Nicolas Sarkozy, François Fillon et Bertrand Delanoë.
Le Maire de Paris a insisté sur la nécessité que la solidarité de la France pour la Tunisie s’exprime dans la cohésion et la complémentarité : « je ne veux pas que nous décomposions en tranches notre soutien à la Tunisie. » Le maire de Paris a justement appelé les Français à ne pas tourner le dos à la Tunisie et de na pas mélanger révolution avec insécurité. Il a insisté sur le caractère pacifique de la révolution du Jasmin. Selon B. Delanoë, c’est le moment ou jamais pour que les Français pensent à partager avec ce peuple car « il faut que le soutien aux valeurs tunisiennes soit présent sur la scène parisienne. »
Concernant la question des immigrés tunisiens clandestins arrivés en France, Bertrand Delanoë a répondu d’abord que cette question ne relevait pas de ses compétences mais de l’Etat français. Cependant, il a déclaré avoir apporté son soutien à 350 immigrés sans papiers à qui il a permis de loger dans un gymnase parisien tout en respectant certaines conditions de sécurité et de salubrité, qu’il a missionné des associations pour leur venir en aide. B. Delanoë est contre l’indemnisation de 300 €, jugée largement inférieure à ce que ces jeunes immigrés ont dépensé pour arriver en France. Il a demandé à l’Etat que soient respectées les conventions entre la France et la Tunisie et que l’indemnisation du retour des immigrés soit d’au moins 1500 euros. Une convention prévoit depuis 2008 la venue de 9.000 Tunisiens chaque année en France mais ils ne sont que 2.500 à venir chaque année. La France peut donc faire plus et mieux !
De son côté, Monsieur Mehdi Houas, le ministre du tourisme de Tunisie, a rappelé la responsabilité de la Tunisie quant aux moyens d’aider les jeunes immigrés de Lampedusa. Il les a invités à rentrer au pays, parce que la Tunisie a besoin de ses enfants. Le ministre a justement salué les efforts du travail associatif, il a précisé que celui-ci devait être intégré au processus de promotion du tourisme et de l’économie du pays. A cet effet, Le « Village du Jasmin » est organisé par l’association des Tunisiens du Monde basée à Paris avec le soutien de la Ville de Paris et du Ministère tunisien du tourisme, du commerce et de l’artisanat. L’initiative s’inscrit dans le cadre du formidable élan de solidarité partagé par toute la communauté des Tunisiens de l’étranger et les amis de la Tunisie.
Comme le maire de Paris, Mehdi Houas a appelé les Français à venir en Tunisie, il a bien insisté sur le fait que malgré les difficultés économiques auxquelles il faut faire face, « la Tunisie n’a pas besoin de dons, elle a besoin d’échanges et d’investissements, elle a besoin de la confiance des Français et des touristes. »
A propos de la participation de la Tunisie au G8, Mehdi Haouas a précisé qu’ « il ne s’agit pas là de faire de la figuration, la Tunisie veut avoir tout son poids dans ce rendez-vous, elle doit devenir le relais de croissance de la France. » Le ministre a rappelé que la Tunisie est le pays qui a vu naître la première constitution d’Afrique, la constitution de Carthage, qu’elle est aujourd’hui le pays d’où est parti le mouvement révolutionnaire arabe et qu’à ce titre « la Tunisie a un rendez-vous avec l’Histoire et ne doit absolument pas le manquer. »
Meriem Khelifi