« Le solaire, espoir de la planète » est à la une, ce mois-ci, du magazine La Revue, nouveau titre mensuel consacré aux idées et à la prospective du groupe Jeune Afrique. Pourra-t-on se passer des énergies fossiles ? Quelles sont les solutions pour sortir du nucléaire ? Le mensuel nous invite, à travers son dossier spécial consacré aux énergies renouvelables, à mieux comprendre les enjeux financiers et géopolitiques qui se cachent derrière l’adoption définitive du solaire.
Les politiques n’ont plus le choix
Depuis le 11 mars 2011, ceux qui prennent les décisions réfléchissent à l’après-nucléaire. Certains, comme Israël, le Chili, la Chine et l’Italie, retournent leur veste. Dans le monde entier, des hommes politiques commencent à dire « non au nucléaire », un slogan jusqu’ici réservé aux militants écologistes. Face à l’émotion vive qui touche le monde et face au rejet grandissant de l’atome, que faire ? Que choisir ? L’espoir réside dans les énergies vertes… et dans les solutions que prendra chaque État.
Innover, pour ne plus prendre de risque
En 2010, la technique a fait son chemin et est arrivée à maturité : l’hydroélectrique, l’éolien, la biomasse et surtout le solaire ont atteint une performance qui permet de croire en eux. Reste à fournir un effort financier. Les britanniques prévoient déjà 103 milliards d’euros pour démanteler leurs 23 réacteurs. La Suède fait figure de pionnière en se fixant l’objectif audacieux de 50% d’énergies renouvelables en 2020.
La France sera plus difficile à faire bouger. D’abord parce qu’elle fait partie des pays les plus nucléarisés. Ensuite parce que le virage énergétique pourrait coûter cher, très cher, même si l’on sait que les prototypes de tours solaires coûtent 42 fois moins cher que le nouveau réacteur français (EPR), qui devrait coûter 5 milliards. Mais les groupes de pression et l’industrie nucléaire puissante influencent les décisions.
Certes, ces nouvelles technologies ne sont pas encore totalement au point, mais le solaire peut être une alternative économiquement crédible au nucléaire. Etienne Copel, général de brigade de l’Armée de l’air française, défend l’énergie nucléaire tout en dénonçant la vulnérabilité des centrales dans Le Nécessaire et l’inacceptable1. Démonstration est faite, avec le nouveau solaire à concentration, que le nucléaire ne restera pas longtemps la source d’énergie majeure la moins coûteuse du marché.
Des perspectives d’avenir prometteuses
Certains experts prévoient même une énergie 100% solaire dans les vingt prochaines années. C’est le cas de Ray Kurzweil, qui base son propos sur l’accélération des technologies. Bill Gates qualifie ce conseiller scientifique de l’armée américaine de « penseur et visionnaire ». Ses détracteurs, quant à eux, crient à l’utopie : ils estiment qu’il faudrait couvrir la moitié de la planète de panneaux solaires si nous voulons atteindre l’objectif 100% solaire du futurologue.
Mais comme à ce jour la ressource semble inépuisable, l’Europe prend une longueur d’avance sur les Etats-Unis et se mobilise auprès de l’Afrique. Elle veut recouvrir le Sahara de panneaux solaires. Une course à l’énergie entre la France et l’Allemagne, menée en Afrique du nord. 15% des besoins en électricité de l’Europe sont en jeu…et la question de l’éco-colonialisme se pose déjà à travers ce projet encore plein d’incertitudes.
Les plus petits font rayonner leur savoir-faire
L’Afrique à elle seule peut gagner la bataille du renouvelable. Beaucoup de pays du Sud ont compris qu’ils pouvaient tirer profit de la transition énergétique. D’ailleurs, la Banque mondiale évalue actuellement à 3227 le nombre de projets de production d’énergie renouvelable dans 44 pays africains.
Avec l’énergie solaire, un nouveau modèle basé sur la production locale est donc à envisager. Si les nouvelles sources d’énergie sont disponibles partout, chaque continent possède ses atouts. L’Argentine, la Roumanie, les îles, le Malawi, l’Espagne, le Portugal, le Botswana ou encore le Zimbabwe multiplient les initiatives vertes. Et aujourd’hui, au lendemain de Fukushima, ce sont les plus grands qui envisagent d’apprendre des plus petits. Le virage énergétique est peut-être déjà entamé…
Alice Muntz-Portal
SR : Camille Dumas
La revue est disponible chez les marchands de journaux en France et en Afrique.
1 Etienne COPEL, Le Nécessaire et l’inacceptable, centrales nucléaires, terrorisme…, Balland, coll. « Essais Document », 1991.