En Croatie, pays d’origine de Stefan Buljat, le président de l’association, « baština » signifie « patrimoine ». C’est bien le patrimoine que Baština valorise en Europe centrale et en Afrique de l’ouest, les deux destinations touristiques de l’association. C’est pourquoi, ce tourisme est équitable : il s’attache aux habitants, à la culture, à la valeur « civilisationnelle » du pays visité. On y organise des randonnées, des activités artistiques et les touristes vivent chez l’habitant. Le but est d’aller à la rencontre des populations locales. Baština permet de rencontrer, de côtoyer, voire de se confronter avec l’altérité et finalement de s’extirper des préjugés qui définissent trop souvent autrui. Le voyage peut participer à une redéfinition de l’identité culturelle en conciliant les valeurs traditionnelles et les besoins de modernité. Ainsi, ce tourisme est multipolaire. En effet, un immigré du pays visité est sollicité pour devenir initiateur. Il a le rôle de passeur social et culturel. Ainsi, le voyage s’amorce dès le territoire français : c’est le « pôle mitoyen ». Le migrant fait découvrir son pays, sa culture d’origine grâce à des visites de sites culturels, de lieux de vie (marché, commerces…), à la participation à des événements calendaires, festifs, religieux ou associatifs. Le lien initié sur le territoire mitoyen peut alors s’enrichir dans le « pôle lointain » : l’invitation au voyage commence. De retour en France, les voyageurs confrontent imaginaires et réalités avec l’initiateur. La représentation du migrant s’en trouve également modifiée par la possibilité de briser sa solitude et d’assimiler ses deux identités (du pays d’origine et française). Baština a donc bien deux objectifs fondamentaux. D’une part, construisant le voyage, l’imaginaire doit changer de fonction. Baština s’attache à le faire coïncider avec la réalité. Les touristes étant mieux préparés au voyage, ils savent à quoi s’attendre et ne sont donc pas déçus. D’autre part, le tourisme multipolaire propose un nouvelle image des migrants en revalorisant leur rôle. L’association veut montrer les immigrés différemment qu’on ne les voit aujourd’hui. Bien que ce ne soit pas l’objectif premier, le projet de Baština demeure finalement politique et profondément ancré dans les problématiques sociales de la France.
Plus d’informations : www.bastina.fr
Vivien Rebière