EXCLUSIF OI : Kamel Jendoubi est le Monsieur Elections tunisiennes, le gardien des urnes. Cet opposant de toujours à Ben Ali, exilé 17 ans en France, président du Réseau euro-méditerranée des droits de l’Homme, a pris la présidence de l’Instance chargée de préparer les élections. A la tête de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), il a su imposer un calendrier raisonnable en faisant reporter les élections de juin à octobre et a mené de main de maître tous les préparatifs de ce premier rendez-vous de la démocratie tunisienne.
Kamel Jendoubi nous confie sa sérénité à la veille du coup d’envoi des élections pour les Tunisiens du monde entier.
A la veille des élections dans le monde et à trois jours du vote de dimanche dans toute la Tunisie, êtes vous prêt ?
Je crois que l’essentiel est prêt. Les conditions d’organisation ont été compliquées dans la diaspora, nous n’avons pas disposé de suffisamment de temps, mais au niveau intérieur, en Tunisie, je suis plus affirmatif pour dire que nous sommes prêts. La procédure électorale est calée, les équipes sont en place, les bureaux installés. Je rends hommage à toutes les équipes, aux milliers de Tunisiens qui se sont mobilisés pour préparer au mieux ces élections.
Vous espérez quelle participation électorale ?
Pour une première élection dans l’histoire d’un pays, il serait hasardeux d’avancer des chiffres. Mais si j’en juge aux inscriptions volontaires de près de 4 millions d’électeurs cet été, à tous les non-inscrits de plus de 18 ans qui nous ont dit vouloir voter depuis, nous obligeant à ouvrir de nouveaux bureaux de vote, 60% de taux de participation est un espoir raisonnable.
Pourquoi voterez-vous vous-même à Paris ?
Les Tunisiens de l’étranger sont 1 million, soit, plus de 10% du corps électoral. Je suis fier d’être un de ceux là. Je n’oublie pas que j’ai vécu éloigné de la Tunisie pendant des années et je me suis installé en France. Je pense ici à toutes celles et ceux, comme Ahmed Othmani, que vous et moi avons bien connu, qui ne sont plus là mais qui auraient été fiers de voter librement pour leur pays.
Votre mission s’achèvera-t-elle lundi avec la proclamation des élections ?
Une fois les élections proclamées, l’Instance que je préside, qui est une mission ad hoc, rendra son rapport sur ces élections. Nous proposons que cette Instance indépendante, qui aura prouvé dimanche, je l’espère et j’en suis sûr, son utilité et sa légitimité, soit pérennisée, et même constitutionnalisée pour accompagner l’Assemblée constituante qui sortira des urnes.
Propos recueillis par Michel Taube