L’écologie sera-t-elle au cœur des prochaines élections présidentielles en France ? En 2007, le Pacte écologique de Nicolas Hulot avait pesé sur les présidentielles et débouché sur une dynamique collective aboutissant au Grenelle de l’Environnement.
Aujourd’hui, la sensibilité verte de l’opinion publique – et des candidats à la présidentielle – est-elle passée ?
Déjà l’agenda international nous donne quelques indices et, la crise financière semble bien avoir occulté la priorité écologique : en 2008 et 2009, la Conférence internationale de Copenhague sur le réchauffement climatique avait capté l’attention internationale comme jamais. Fin 2011, la réunion actuellement en cours à Durban (Afrique du sud), et qui doit se clôturer le 9 décembre, attire déjà nettement moins l’attention. Et pourtant l’enjeu est de taille avec l’expiration le 31 janvier prochain des engagements du fameux Protocole de Kyoto.
En France, la question écologique s’est cristallisée pour le moment sur le débat autour du nucléaire depuis le drame de Fukushima, occultant les autres problématiques écologiques que le monde se prépare à affronter.
Petit tout d’horizon, à cinq mois de l’élection, des principales propositions des candidats. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’environnement ne constitue guère le plat de résistance des candidats actuels… Pour le moment du moins.
Le président sortant, Nicolas Sarkozy, probable candidat UMP, n’a pas encore dévoilé son programme. Le programme du parti présidentiel reste assez discret et peu précis sur les problématiques environnementales. Tout juste est-il question de développer les « industries vertes », et rester fidèle à un projet qui devra « coûter zéro centime d’euro aux Français ». Le candidat sortant risque fort de centrer son discours sur la prolongation des engagements du Grenelle de l’Environnement.
Côté Parti socialiste, François Hollande et son équipe essaient de faire oublier au plus vite le psychodrame récent qui les a opposés à Europe Ecologie – Les Verts. Au centre du programme du parti socialiste (mais le candidat Hollande le reprendra-t-il à son compte ?) : la sortie du « tout-nucléaire » qui introduit une subtilité de taille à la « sortie du nucléaire » d’EELV. Autre point central : l’instauration d’une TVA « éco-modulable » qui varierait selon la nature polluante, ou non, du produit.
Un programme jugé trop peu ambitieux par Europe Ecologie-Les Verts. Forcément les plus avancés sur la question, les écologistes proposent une batterie de mesures pour réduire la consommation énergétique (énergies renouvelables, ferroutage, réduction du transport aérien, réhabilitation thermique des bâtiments). Sans concession, Eva Joly se positionne clairement pour une sortie totale du nucléaire et une interdiction absolue de l’exploitation du gaz de schiste. Plus ambitieux encore, EELV se voudrait l’instigateur d’une création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement.
Côté Modem, François Bayrou qui a récemment confirmé son intention de se porter candidat et vient de présenter son « programme pour 2020 », les questions environnementales restent pour le moment évasives, notamment sur la question du nucléaire. Tout juste désire-t-il organiser un grand « débat national » pour concevoir ce que sera le « mix » énergétique que devra adopter la France de demain.
Difficile pour Jean-Luc Mélenchon de concilier tous les points de vue du Front de Gauche. Le Parti communiste français reste traditionnellement attaché au nucléaire, alors que le Parti de gauche le rejette totalement. Le candidat botte en touche : ce sera un référendum qui décidera de la suite de l’atome en France. Dans les autres domaines écologiques, pour Jean-Luc Mélenchon, un seul mot d’ordre : nationalisation. Pour maîtriser les questions énergétiques et prévenir les dérives, le Front de Gauche préconise la création d’un pôle « 100 % public » regroupant Edf, Gdf, Areva et Total.
Surfant sur la vague, le Front National essaie de se positionner assez fermement sur la question de l’écologie. Décision stratégique plutôt inédite dans l’histoire politique du parti. Un mot d’ordre pour le le FN : la « relocalisation » ou le refus d’une mondialisation, et la volonté de produire « français » sont les gages pour Marine Le Pen d’une réduction des transports, une diminution de la dépense énergétique et une meilleure traçabilité des produits. Ne soyons pas dupes : cette « relocalisation » est une façon de prôner la préférence nationale et de replier la France sur elle-même.
La campagne n’est pas encore pleinement lancée : gageons que les programmes se préciseront sur ces questions et que les confrontations attendues porteront aussi sur l’avenir écologique de la planète et de la France en particulier.
Damien Durand & Michel Taube
Photos
Titre : Palais de l’Elysée (DR)
Article : Jour de vote dans une élection française (DR)