International
15H35 - mercredi 14 décembre 2011

Lutte contre la récidive, un comparatif franco-canadien. Edifiant…

 

Le gouvernement français a annoncé vouloir créer 20 000 places de prisons supplémentaires pour s’assurer que l’ensemble des condamnés à de courtes peines effectueront réellement leur période de détention, et pour imposer une politique plus restrictive en matière de libération anticipée.

A l’heure du durcissement probable de la politique répressive en France, zoom sur le système canadien de prévention de la récidive.

 

Une autre approche de l’incarcération

Première grosse différence avec la France : la perception de la notion de récidive dans le débat public. Malgré l’existence de poches d’insécurité dans certaines villes du pays, et la présence d’un gouvernement conservateur au pouvoir, le débat judiciaire laisse une place assez faible à la question de la récidive. Pas inexistante, mais bien moindre qu’en France.

Deuxième différence notable : la volonté de considérer la prison, non pas comme un lieu de punition et de réparation comme en France, mais au contraire de protection de la société et de réhabilitation de l’individu. Au Canada, tout prisonnier a vocation à sortir avant la fin de sa peine, quel que soit son niveau de dangerosité. Un point de vue rationnel et dépassionné, qui pourrait choquer en France, comme nous le confirme un diplomate canadien en poste à Paris : « Ce qui semble surréaliste dans le débat français, c’est l’illusion d’un risque zéro de la récidive. Nous n’y croyons pas, et nous pensons plutôt qu’il faut accompagner l’ensemble des détenus, même les plus dangereux, avec un programme adapté à leur cas. Et surtout, toujours adopter une vision pragmatique. »

Troisième différence : le recours généralisé à des peines alternatives pour les fins de période de détention. C’est pourquoi la quasi-totalité des détenus quittent les murs de la prison avant la fin théorique de leur peine, généralement accompagnés d’un contrôle judiciaire strict ou du fameux bracelet électronique qui a tant de mal à émerger en France. Le tout dans une indifférence relative de l’opinion publique pour qui les questions de libération anticipée ne suscitent guère de débats.

 

Moins de prison, moins de récidive

un bracelet électronique (DR)

Quels sont les résultats en terme de récidive de cette politique canadienne ? Au Canada comme en France, les études approfondies sur la question de la récidive ne sont pas légions. Selon les résultats officiels qui nous ont été transmis par l’ambassade du Canada, le taux de récidive pour les individus condamnés pour délits s’établirait à 4,8 %. Bien moindre qu’en France, où on l’estimerait entre 15 % et 20 % selon les différentes études proposées.

Autre enseignement particulièrement intéressant, et prenant complètement à contre-pied l’approche française : le taux de récidive au Canada est nettement plus bas pour les personnes mises en liberté sans contrôle judiciaire (1,9 %) que pour les personnes soumises à un régime alternatif pour finir leur peine (10,8 %).

Des résultats qui confirment en tout cas que la volonté de l’incarcération comme seule réponse à la récidive n’est qu’une démarche politique, qui n’a pas de valeur pragmatique et pénale réellement établie.

Damien Durand

 

 

Photos

Titre : intérieur de la maison d’arrêt de Penetaguishene, Ontario, Canada (DR)

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