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12H25 - jeudi 15 décembre 2011

Corée du sud :
la bombe sociale du célibat des femmes

 

Le célibat des femmes va-t-il devenir le nouveau drame social de la Corée du sud ? Dans le pays, 20 % des femmes de plus de 30 ans sont célibataires. A Séoul, la capitale, ce ratio atteint même une femme sur trois.

un moyen d'économiser les frais de cérémonie en Corée du sud : les mariages collectifs (DR)

Même si aucun dénombrement n’existe officiellement, les experts avancent un chiffre encore plus inquiétant : parmi les trentenaires qui occupent un emploi, le taux de célibataires atteindrait 40 %.

Du célibat à la catastrophe démographique

Le phénomène n’a rien d’anodin : il est directement à l’origine du taux de natalité extrêmement bas : 8,55 naissances pour 1 000 habitants en Corée du sud (la France est à 12,29 pour 1 000 habitants). Cette situation que connaissent les pays d’Asie développés risque, à terme, de faire naître des déséquilibres démographiques majeurs. Les six nations dans le monde ayant le plus bas taux de natalité sont toutes situées en Asie et comprennent, outre la Corée du Sud, le Japon, Taïwan et Hong-Kong. Depuis le milieu des années 90, ces pays ont vu une explosion, du nombre de femmes entrant dans la vie active, ce qui a engendré un nombre croissant de célibataires. Au-delà de la question du mariage, les états s’inquiètent surtout du peu d’empressement qu’elles mettent à avoir des enfants.

Selon les statistiques gouvernementales sud-coréennes, 34,2 % des femmes trentenaires possédant un diplôme universitaire et habitant Séoul étaient célibataires en 2010, et n’avaient, pour la quasi-totalité, pas d’enfants. Cette question semble très largement liée à la qualification et aux velléités de carrière. En effet, l’indice de fécondité des femmes sans aucun bagage universitaire s’établit à un conséquent 3,64 enfants/femme ! Une différence énorme avec leurs homologues diplômées.

Pour les autorités, les femmes sont trop « sélectives » !

Plus de 80 % des jeunes Sud-coréennes accèdent aux études universitaires (DR)

Dépassés par le phénomène et n’arrivant pas à enrayer les conséquences dramatiques à long terme de cette situation, les autorités peinent à apporter des réponses efficaces. Les campagnes de publicités incitant les femmes à être « plus réalistes » et « moins exigeantes » semblent avoir des résultats bien minces.

L’analyse du sociologue Kim Young-chul, rapportée par le quotidien Chosun Ilbo, souligne sans appel ce point de vue : « En 2010, le taux d’accès à l’université pour les femmes s’établissait à 80,5 %, dépassant celui des hommes. » Des femmes, certes plus diplômées et mieux formées que les hommes, mais qui auraient encore du mal à accepter leur nouvelle position dans la société, selon le chercheur : « Aussi longtemps que les femmes adhéreront à l’idée que leurs maris doivent être meilleurs qu’elles dans tous les domaines, il leur sera difficile de trouver quelqu’un avec qui se marier. »

Mais les rapports officiels pointent d’autres éléments pour expliquer l’impuissance gouvernementale : des pistes qui n’ont que peu à voir avec de prétendues « exigences féminines. ». En Corée du sud, comme dans les autres pays d’Asie touchés par le phénomène, il semblerait que les barrières à la vie sociale et professionnelle rencontrées par les femmes, une fois mariées, expliquent cette volonté massive de célibat. En ligne de mire : des traditions de mariage encore complexes et coûteuses, des discriminations à l’embauche et la grande difficulté à trouver des solutions de garde pour les jeunes enfants. Des considérations pragmatiques qui ne trouvent que peu d’échos dans les politiques publiques, qui s’en tiennent à la version officielle de « l’air du temps. ».

Damien Durand

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