En 2004, le Comité international olympique (CIO), avec le soutien du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), fait du respect de l’environnement le 3e pilier de l’olympisme, après le sport et la culture.
Dès lors, l’intégration du développement durable dans cet événement planétaire devient un élément essentiel, sinon déterminant, dans les dossiers de candidatures des villes. Mais qu’en est-il vraiment ? Au regard des manifestations précédentes peut-on réellement croire que les Jeux Olympiques de Londres de 2012 seront « les plus verts du monde » ?
Des infrastructures écologiques
Pour garantir un label « vert », Le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Londres (LOCOG) a adopté un plan de développement durable appelé « Towards a One Planet 2012 » basé sur le concept du WWF « One Plante Living ». Il propose des solutions permettant de vivre dans le respect de notre planète.
Concrètement, cette initiative se traduit dans l’ensemble du processus de construction des infrastructures. Le parc olympique a été édifié dans l’Est de la ville, dont les anciens sites industriels, pollués et abandonnés, ont été réhabilités pour l’occasion. Equipé d’une station de pompage pour la gestion des eaux de pluie, d’une centrale utilisant la biomasse et accessible aux handicapés, il deviendra, une fois la manifestation terminée, le plus grand parc urbain public créé en Europe ces 150 dernières années.
Le village olympique, qui accueillera autour de 17 000 sportifs et officiels, sera transformé en 2 800 logements (1 379 à loyer modéré). Enfin, le stade olympique, inauguré le 29 mars 2011, présente une structure élaborée à 75 % avec des matériaux légers. Il contient notamment du béton à faible densité carbonique issu de déchets industriels, du chanvre ou encore du polymère recyclable et sera démantelé après les JO. Une rumeur circule même, selon laquelle la flamme olympique serait connotée « écologique » car alimentée par un carburant moins polluant que la paraffine.
Pas de plan d’austérité pour les JO
Qu’il s’agisse de la construction, de la réhabilitation ou encore du développement des infrastructures et des transports existants, l’organisation des JO représente un coût financier colossal.
Lorsqu’en 2005, Londres fut choisi pour accueillir l’événement sportif, les dépenses prévues étaient de 3,4 milliards de livres sterling. Quatre ans et une crise financière majeure plus tard, le budget est réévalué et atteint 9,3 milliards de livres (10,36 milliards d’euros). Aujourd’hui, à moins d’un an de la cérémonie d’ouverture, la hausse du coût de la construction et surtout l’envolée du budget de sécurité (complètement sous évalué par les autorités), obligent l’Olympic development authority (ODA) à contracter un prêt de 255 millions de livres supplémentaires auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI). Selon une enquête de la BBC, le coût des JO devrait quasiment quadrupler friser les 13 milliards d’euros.
Autant dire que les Britanniques, qui ont physiquement exprimé leur désaccord sur le plan d’austérité du gouvernement durant les émeutes de Londres d’août 2011sont furieux d’apprendre qu’une partie du surcoût sera supportée par les contribuables.
Promesses ou réalité ?
C’est clair, Londres 2012 affiche son ambition : faire comme les athlètes de sa royale majesté et concourir pour la médaille d’or. D’ailleurs, pourquoi ne pas souffler au passage la victoire aux Canadiens, simples médaillés de bronze du développement durable pour les jeux de Vancouver ?
Mais, loin des bonnes volontés ainsi affichées, les Jeux olympiques réservent souvent des surprises ; les dérapages peuvent vite arriver et les désastres environnementaux qui salissent la réputation des épreuves olympiques sont récurrents.
Ainsi les exemples sont nombreux. En 1968 à l’occasion des Jeux de Grenoble, de nouvelles autoroutes ont été construites pour faciliter l’accès au parc olympique. En 1998, à Nagano, le départ de la descente masculine de ski alpin a lieu au beau milieu d’un parc naturel. En 2010, la ville de Vancouver procède à la destruction totale de l’espace sauvage d’Eagleridge (12 hectares de forêt). Et que dire de ces infrastructures devenues obsolètes qui, à défaut d’être réhabilitées, se transforment petit-à-petit en villes fantômes, paradis de la spéculation immobilière, tels les parcs olympiques de Barcelone ou de Turin.
Mais bien au-delà du respect de l’environnement, faire du développement durable un pilier des Jeux olympiques, c’est lancer à la ville organisatrice le défi de lutter pour l’intégration, en garantissant notamment à chacun l’accès aux manifestations. Dès lors, Londres ne devra pas tomber dans les travers scandaleux de l’expulsion des sans-abris de l’ensemble des sites et de leurs alentours. Et que dire du non-dédommagement des expulsés qui a éclaboussé les JO d’Atlanta en 1996 et surtout de Pékin en 2008 ? Car, si les compétiteurs font le serment de participer aux Jeux Olympiques pour l’honneur de leur pays, les nations qui les accueillent se doivent d’en respecter l’esprit de fraternité et de solidarité.
Les expériences précédentes parlent d’elles-mêmes. Il est toujours plus facile de faire des promesses que de les tenir. Alors, si Londres se vante d’être « la première ville d’accueil des Jeux d’été, à inclure un concept de développement durable dès le début de sa planification », attendons de voir le rapport de la « Commission pour des Jeux durables à Londres 2012 » chargée de rendre compte au public du respect –ou non]– des engagements pris en matière de respect de l’environnement.
Laurie Mathy
photos DR