Les partis politiques représentés en France ont commencé leur campagne électorale. L’opposition était au Trocadéro, les libéraux à Boulogne. Quel parti va gagner pour les Sénégalais de France ? Réponse le soir du 26 février 2012.
Du Trocadéro à la banlieue parisienne
Le ton de la campagne électorale sénégalaise en France est donné par les différents protagonistes. Comme au Sénégal, le thème principal est centré sur la dénonciation de la candidature du président Wade. Pour cela, l’opposition et une partie de la société ont appelé samedi un regroupement place du Trocadéro.
Plus de 500 personnes ont répondu à l’appel. Une réussite quand on sait que les opposants n’atteignent pratiquement pas ce nombre. En plus, avec des températures au-dessous de zéro, certains craignaient un échec.
Les slogans, allant de « Wade dégage » à « protège notre constitution, c’est garantir notre souveraineté », ont rythmé la manifestation. Ils ont dénoncé les violences qui ont entraîné la mort de quatre personnes lors des manifestation du M 23.
L’opposition s’exprime et s’exprimera !
« Suite aux évènements tragiques qui se déroulent au Sénégal depuis la validation de la candidature d’Abdoulaye Wade aux élections présidentielles du 26 février prochain, la communauté sénégalaise de France et ses sympathisants ont décidé, dans une démarche citoyenne et de défense des droits de l’homme, de demander le départ d’Abdoulaye Wade et de mobiliser l’opinion internationale par le biais d’un grand rassemblement », écrivent-ils dans leur déclaration. Pour eux, manifester leur permet « d’exprimer (leur) inquiétude et (leur) désir du respect de la constitution et de la protection des populations ».
Interrogé, Doro Sy, porte-parole de la coordination PS de France, souligne que l’opposition française ne boycottera pas les élections conformément à la résolution prise par leurs leaders respectifs à Dakar. D’ailleurs le socialiste appelle les Sénégalais de l’extérieur à aller retirer leurs cartes électorales. Il réaffirme l’engagement pris par ses alliés pour « continuer la mobilisation et combattre le président Wade sur tous les terrains ». De même, ils ne vont plus reconnaître ni les consuls ni les ambassadeurs.
De l’autre côté …
Au moment où l’opposition dénonçait la candidature de Wade sur la parvis des droits de l’Homme du Trocadéro, les libéraux, sous la conduite de leur secrétaire général, Amadou Ciré Sall, étaient à Boulogne pour une manifestation de soutien au président Wade. Celle-ci était organisée par les ressortissants de Nguindjilone, regroupés au sein de l’association pour le développement de Nguindjilone.
Le député Amadou Ciré Sall en a profité pour expliquer les raisons de la validation de la candidature de Wade par conseil constitutionnel. Il a appelé ses « frères » de Nguindjilone, qu’il estime autour de 150 familles dont 300 jeunes, à retirer leurs cartes d’électeurs et aller voter pour le président. Il a argumenté ses propos, d’abord par le soutien multiforme que le président a apporté à leur village. Les exemples rappelés par Amadou Cirê Sall ne manquèrent pas : le forage qui a été agrandi et dessert aujourd’hui 5 villages, le poste de santé devenu maintenant un centre de santé avec une maternité et l’école qui comptait trois classe en dispose aujourd’hui 15. Le village dispose d’un marche et le cimetière est clôturé. Si tous ces efforts ont pu être menés par l’Association pour le développement de Nguindjilone, c’est grâce au président, soutient le député, apportant son soutien. Il a remercié l’Association qui travaille beaucoup à venir en aide aux populations en difficulté.
Pourtant rien n’est écrit…
Si le secrétaire général de la Fédération PDS de France fait les yeux doux à sa communauté, c’est qu’il sait que gagner la France sera pas aussi facile. Surtout que l’Alliance pour la République de Macky Sall risque de se faire, ceci sans compter que les autres formations politiques notamment l’AFP et le PDS n’ont pas encore dit leur dernier mot. Ils se battront jusqu’à la dernière minute pour gagner. Car, si le nombre d’électeurs est faible comparativement au Sénégal, gagner les 4 circonscriptions électorales est symbolique. Tous les leaders ont donné des consignes à leurs militants de France, conscients qu’ils sont de l’importance de ce résultat.
Mais le score de Macky Sall est très attendu. Il sera significatif, car il permettra de savoir si les militants libéraux ont effectivement ralliés ou non le camp de Wade.
Dans tous les cas, les électeurs sénégalais de France, au nombre d’environ 35 000 iront voter dans les 4 circonscriptions consulaires que sont Bordeaux, Marseille, Lyon et Paris.
Moustapha Barry