Lundi 23 Janvier 2012 a marqué le premier jour de l’année du Dragon. Les pays qui célèbrent le nouvel an chinois attendent un « Dragon baby boom » cette année. A Hong Kong celui-ci inquiète : les lits d’hôpitaux sont de plus en plus accaparés par les Chinoises du continent, venues mettre leur enfant au monde sur le territoire Hong Kongais.
Le Dragon est le signe favori du calendrier lunaire et beaucoup de parents ont planifié la naissance de leur enfant pour cette année. Dans les territoires qui célèbrent le nouvel An chinois (Chine, Corée du Sud, Hong Kong, Macau ou Taiwan), la fête à été remarquable. Le dragon est, depuis toujours, symbole de sagesse et pouvoir dans la culture chinoise – à la différence des cultures occidentales dans lesquelles il apparaît comme un animal menaçant.
Une croyance bien pragmatique
Dans le calendrier chinois, le dragon est le seul animal mythologique /irréel. Il est composé des éléments forts d’autres animaux : tigre, poisson, serpent et aigle. Selon la culture chinoise, naître dans l’année du Dragon porte chance à l’enfant, lui confère pouvoir, sagesse, force et une aura hors du commun. Le dragon est également le signe d’une réussite assurée.
La croissance prévue du taux de natalité – habituellement faible dans ces pays – est souvent accueillie comme une heureuse nouvelle, notamment à Taiwan où les autorités tentent d’encourager les naissances depuis des années.
A Hong Kong toutefois, d’importants problèmes logistiques et humains risquent de se poser. Les femmes « mainland chinese » (de Chine continentale) sont prêtes à tout pour un certificat de naissance Hong Kongais.
Le certificat de naissance Hong Kongais garantit à l’enfant bien plus d’avantages que s’il était né sur le territoire chinois. Outre une plus grande facilité pour entrer par la suite dans de nombreux pays, l’enfant bénéficie également de la totalité de l’accès aux soins et à l’éducation fournis par le gouvernement Hong Kongais.
Depuis quelques années cette tendance s’est amplifiée. Selon le Département recensement et statistiques, sur le total des naissances à Hong Kong, en 2001, seulement 1,3 % des enfants sont nés de parents de Chine continentale (aucun parents résident Hong Kongais). En 2005, les naissances de parents Chinois venus du continent représentent déjà 16,3 % des naissances sur le territoire Hong Kongais. Leur proportion augmente toujours, jusqu’à atteindre 36,9 % du total des naissances en 2010 (source : « Census and statistics department » – Government of Hong Kong special administrative region).
Un phénomène qui inquiète les autorités
Avec l’entrée dans l’année du Dragon, les gouvernements de Hong Kong et de Chine s’inquiètent ; ils souhaitent limiter ce phénomène afin de privilégier l’accès aux soins médicaux pour les Hong Kongais. Des ratios ont déjà été établis quant au nombre de femmes de Chine continentale que les hôpitaux publics et privés peuvent recevoir.
Toutefois, ces ratios, pour le moment imprécis, incluent aussi les Chinoises dont le mari est Hong Kongais. Les mesures mises en œuvre ne sont pas encore suffisantes. En outre, les femmes chinoises font souvent appel à des passeurs pour franchir la frontière et des hôtels font leur commerce sur l’hébergement discret de ces futures mamans avant leur accouchement. Certains arrondissent leurs fins de mois en tant qu’employés non déclarés des femmes chinoises, en cuisine ou pour la garde de l’enfant . En effet, selon la médecine chinoise, une femme qui a eu un enfant doit suivre un régime nutritif « revigorant », ne pas toucher ou boire d’eau froide et prendre beaucoup de repos.
Le phénomène favorise ainsi l’économie souterraine. Les gouvernements Hong Kongais et chinois tentent d’établir des directives communes pour arrêter les complices de ce mouvement. Dernièrement les relations se sont tendues entre Chinois et Hong kongais. Le journal local Apple daily publiait une annonce représentant les Chinois comme des criquets-envahisseurs avec la mention « Les Hong Kongais en ont assez ! ».
Cette annonce aurait été financée par des dons de soutien de particuliers Hong Kongais, rassemblés par les organisateurs du mouvement contre Dolce & Gabbana lancé sur Facebook début janvier. Cependant les discours enflammés ne doivent pas être généralisés : certains groupes tiennent même un discours totalement opposé pour dire « stop au racisme ».
E.H.