Hier, l’extradition du blogueur Hamza Kashgar de la Malaisie vers l’Arabie Saoudite a provoqué un tollé. Les media ont en effet souligné la responsabilité d’Interpol, qui aurait exécuté le mandat d’arrêt, alors que le jeune homme risque la décapitation dans son pays. L’agence, basée à Lyon, a depuis démenti tout lien avec cette affaire.
Dans la matinée du lundi 12 février 2012, Hamza Kashgari a été renvoyé en Arabie Saoudite, à bord d’un avion privé. En fuite vers la Nouvelle-Zélande, il avait été arrêté à l’aéroport de Kuala Lumpur, en Malaisie, dès sa descente d’avion jeudi 8 février. Le journaliste et blogueur de 23 ans projetait de demander l’asile en Nouvelle-Zélande, après des menaces de mort qu’ils avait reçues dans son pays. Ses publications sur Twitter, rédigées à l’occasion de la journée commémorant l’anniversaire du prophète, avaient été jugées blasphématoires. Inculpé pour apostasie par les autorités Saoudiennes, il risque la décapitation.
Aucune « notice rouge » reçue par Interpol
Les media internationaux ont souligné le rôle d’Interpol dans cette arrestation. Elle résulterait d’un mandat d’arrêt international demandé par l’Arabie Saoudite. L’implication de l’organisation dans les graves violations du droit à la vie, de la liberté d’expression et de la liberté religieuse a immédiatement suscité l’indignation. Interpol a rapidement démenti ces assertions avec vigueur. Aucune « notice rouge » n’aurait été reçue. Le secrétariat général, dans un communiqué publié lundi soir, dénonce une « déformation totale des faits ». Il affirme que « ni ses réseaux, ni ses bureaux centraux de Kuala Lumpur, ni sa direction générale à Lyon » ne sont impliqués dans cette affaire. L’organisation demande également aux journaux ayant relayé cette information fallacieuse de mettre à jour leurs articles en conséquence.
Refus de protection de la part des autorités malaises
Hamza Kashgari est, à cette heure, emprisonné en Arabie Saoudite, en attente d’un verdict le condmnant peut être à mort. La Malaisie, en l’extradant malgré les pressions de différentes, cautionne ainsi les graves violations des droits de l’Homme de l’Arabie Saoudite. Elle a également manqué à ses obligations en termes de protection internationale.
Les autorités ont empêché le HCR de procéder aux formalités concernant l’étude de la demande d’asile du journaliste. Lundi, dans les heures qui ont précédé son expulsion, les juges de la Haute Cour malaisie avaient pourtant prononcé une injonction contre l’extradition de Hamza Kashgari. Il n’existe pas de traité bilatéral d’extradition entre les 2 pays et l’on ignore encore quel service a procédé à son extradition.
Carine Dréau