Les Sénégalais de l’extérieur, qui se rendent actuellement au Sénégal, où le climat politique est tendu, doivent être sur leurs gardes. Surtout s’ils font partie des opposants qui ont proféré des paroles critiques contre le régime libéral actuel.
Plusieurs Sénégalais ont été intimidés ces jours derniers, à l’aéroport de Dakar, pour avoir dénoncé le régime d’Abdoulaye Wade dans les médias sénégalais et internationaux. La dernière victime en date est Birahim Camara, ancien secrétaire général de la coordination du Parti socialiste en France et représentant de cette formation politique à la Commission administrative chargée des élections en France.
Il a été retenu à l’aéroport de Dakar lundi 13 février dernier, de 1 heure à 11 heures. La raison : il aurait appelé à l’insurrection lors d’une émission animée par Abdoulaye Cissé, sur les ondes Khady FM, qui émet depuis Paris. Cette même émission est relayée sur la radio sénégalaise RFM. Birahim Camara a réfuté ces accusations, mais c’est sans compter avec la détermination de la police des frontières de l’aéroport de Dakar. Cette dernière qui lui a fait réécouter ses propos et, Birahim Camara n’a fait qu’assumer ses responsabilités en reconnaissant les faits, croyant que cela suffisait pour retrouver sa liberté.
Tous les moyens sont bons
Cependant, les forces de l’ordre n’ont pas tardé à trouver une autre raison de le retenir : le livre qu’il lisait dans l’avion en partance sur Dakar. Un ouvrage d’El Hadji Diagola, intitulé « Un président fou ». La police demanda au camarade d’Ousmane Tanor Dieng, candidat des socialistes sénégalais (et de leurs alliés regroupés au sein d’une coalition dénommée « Benno ak Tanor » [L’unité avec Tanor]) les raisons pour lesquelles il avait avec lui ce livre, considéré comme une véritable diatribe contre le Chef de l’Etat sénégalais. La réponse du socialiste fut cinglante : « J’ai droit de lire le livre que je veux ! ».
Finalement il sera libéré après dix heures de rétention.
D’autres Sénégalais de France ont témoigné des mêmes intimidations, subies à l’aéroport de Dakar, pour les mêmes raisons. Ils soutiennent que la police des frontières craindrait une éventuelle arrivée de certains Sénégalais de l’extérieur pour participer aux manifestations du M 23, mouvement contestant la validité de la candidature du président Wade.
La police des frontières aurait reçu des ordres pour examiner avec la plus grande attention les Sénégalais de l’extérieur, arrivant sur le territoire. Ces derniers seraient systématiquement soupçonnés d’appartenir à l’opposition au régime Wade. La lecture et l’écoute assidues des médias, sénégalais notamment, pour dénicher une éventuelle raison d’arrêter untel ou untel en provenance de l’extérieur, auraient été mises en place.
Ce n’est pas la première fois que ce genre d’incident se déroule à l’aéroport de Dakar. On se rappelle que Moussa Diop, d’Alternative générationnelle, avait aussi été retenu à l’aéroport pour avoir montré la carte d’identité française de Karim Wade.
Moustapha Barry