« Le 11 mars dernier, c’était pour moi une journée ordinaire, au travail avec mes collègues. Puis les premières secousses ont commencé, suivies des secondes, beaucoup plus violentes. Je me suis dit à ce moment-là que nous vivions le grand tremblement de terre dont ma mère m’avait parlé, celui qui un jour, immanquablement, ravagerait le Kantô (grande région de Tokyo NDLR).
Globalement, à Tokyo, les gens sont restés calmes, bien que personne ne sache à quoi s’attendre. Nous ressentions tous les jours les répliques du tremblement de terre. Les stocks d’eau et de nourriture diminuaient rapidement dans les magasins, même si je pense que la majorité des gens n’achetaient que ce dont ils avaient réellement besoin.
Le gouvernement japonais a été largement critiqué pour son manque de transparence. C’est vrai bien sûr. Mais d’un autre côté, comment voulez-vous garder dans le calme une population de 128 millions d’habitants sur une île comme le Japon ?
Nous sommes un petit pays, mais nous sommes habitués à affronter ensemble de telles épreuves, des catastrophes naturelles aux bombardements atomiques. Il y a un mot en japonais, « kizuna », qui décrit les forts liens émotionnels qui existent entre les gens dans de tels moments. Je pense que beaucoup de personnes se réfèrent à ce sentiment pour aller de l’avant. Il faut également que les autorités reconstruisent rapidement la région sinistrée et préparent mieux les futures infrastructures de lutte contre les catastrophes. En effet, les experts japonais sont formels : un autre grand tremblement de terre frappera un jour les zones très peuplées du Japon. Il faut donc s’y préparer très sérieusement. »
Eri Suzuki, 29 ans, cadre en marketing, Tokyo