Human Rights
09H00 - vendredi 9 mars 2012

Journée internationale des droits des femmes

 

En cette Journée internationale de la femme, Opinion Internationale vous propose cinq focus sur la place des femmes un peu partout dans le monde. Du débat politique français, où la parité brille par sa quasi absence, en passant par le Rwanda, la Tunisie, où l’Arabie Saoudite : zooms sur des combats pour l’égalité !

 

 

     

     

Parité hommes/femmes :
la grande oubliée du débat présidentiel ?

 

La France ne brille pas par ses résultats concernant la parité homme/femme. Le bilan est sec, net et sans appel dans tous les rapports mondiaux comparant la situation aux quatre coins du globe.

 

Politique et salaires : les femmes sont dévalorisées

Les 2 points noirs sont connus et évoluent peu. La parité politique d’abord, n’est toujours pas assurée dans les 2 chambres du Parlement, où l’élection au scrutin majoritaire ne favorise pas leur présence : avec seulement 18,9 % de femmes parlementaires,. C’est à une piteuse 69e place mondiale que pointe la France en la matière.

La parité salariale enfin, où les femmes gagnent en moyenne 25 % de moins en équivalent temps plein, à poste égal.

La question de la parité, même lancinante, ne s’annonce pourtant pas comme le débat majeur pour les prochaines élections présidentielles. Petit tour d’horizon sur les idées fortes des principaux candidats :

 

Nicolas Sarkozy (UMP) : le président sortant n’a pas proposé de mesures phare sur la parité. A noter cependant dans son bilan, la réforme des collectivités territoriales votée en 2010, qui obligera dorénavant les communes de plus de 500 habitants à élire leurs conseillers municipaux via un scrutin de liste avec parité obligatoire.

Mais, revers de la médaille de cette loi, le futur conseiller territorial qui siègera à la fois au conseil général et au conseil régional sera élu au scrutin uninominal, ce qui défavorisera l’égalité hommes/femmes (les élus au conseil régional étant désignés à la proportionnelle avec parité obligatoire).

 

François Hollande (PS) : le principal outsider pour le siège élyséen vient de présenter ses propositions fortes concernant la parité. Au menu : gouvernement mixte et paritaire, recréation d’un ministère du Droit des femmes, suppression des subventions aux partis ne respectant pas la parité. Le candidat socialiste ne souhaite cependant pas légiférer sur les discriminations salariales, considérant que « tout existe sur le plan législatif, il faut une volonté ».

 

 

 

Marine Le Pen (FN) : pas de propositions notables n’ont été faites par le Front national pour améliorer la parité, à l’exception de la volonté de généraliser le scrutin proportionnel (qui, du fait de la législation actuelle, favorise la présence des femmes) pour toutes les élections.

 

 

 

 

 

François Bayrou (Modem) : le candidat propose une modification du mode de scrutin vers la proportionnelle qui favorisera la parité pour les élections législatives. Une initiative probablement efficace mais qui ne concernera que les législatives.

 

 

Jean-Luc Mélenchon (FdG) : le candidat propose l’abrogation de la réforme territoriale qui constitue, selon lui, un frein à la parité. Il propose également d’interdire le cumul des mandats, décision qui permettrait d’apporter de la diversité chez les élus politiques, et serait donc favorable aux femmes. Il indique enfin, sans plus de précisions, que « la parité sera garantie par la loi ».


 

Eva Joly (EELV) : les écologistes proposent l’instauration à terme d’une VIe République qui obligerait les partis à avoir 40 % de femmes parmi leurs élus, l’interdiction du cumul des mandats et l’obligation de la proportionnelle à toutes les élections. Mais, avec des intentions de vote oscillant entre 4 et 5 % des voix selon les sondages, à 1 mois de l’élection, les propositions radicales de la candidate écologiste ont du mal à percer dans le débat.

Damien Durand

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Rwanda : les femmes majoritaires en politique

 

Avec 45 députés au Parlement sur 80 sièges, le Rwanda fait pâlir de jalousie les pays scandinaves, pourtant érigés en symbole de parité et de bonne gouvernance. En effet, le Rwanda peut se targuer d’avoir la plus forte représentation féminine au monde dans une instance décisionnelle.


Coleta Ruhmaya, ministre d'Etat rwandaise, chargée de l'Energie. DR

Cette volonté du gouvernement de Kigali de donner un rôle majeur aux femmes s’explique notamment par un besoin de refléter la réalité démographique. A la fin du génocide de 1994, les femmes représentent 70 % de la population. Il faut reconstruire le pays sur de nouvelles bases et c’est tout naturellement que les femmes sont appelées en politique.

 

 

Une parité gagnée démocratiquement

Mais cette parité n’est pas complètement le fait des éléments pré-cités. La forte représentation des femmes au Parlement rwandais tient également à la loi électorale elle-même.

Cette dernière prévoit qu’au moins 24 femmes députées doivent être élues uniquement par des collèges de « grandes électrices », comprenant des représentantes d’associations et autres regroupements de femmes . Ceci concerne autant les entités administratives locales que celles présentes l’ensemble du territoire national. Ensuite, les femmes ont remporté 20 des 53 sièges attribués par le vote, à la proportionnelle, au suffrage universel direct (355 candidats pour les dernières élections). Enfin, sur les 2 sièges de députés réservés aux jeunes, une femme a été élue.

L’Assemblée nationale rwandaise est donc composée à 56 % de femmes.

 

L’autoritarisme présidentiel impose toujours sa loi

Mais cette prouesse progressiste ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Le chemin à parcourir vers la démocratie semble encore long pour ce petit Etat des Grands Lacs et ses 8 millions d’habitants.

Le Président Paul Kagamé, qualifié de « prédateur » de la liberté de la presse par Reporter sans frontières, demeure hostile à toute forme d’opposition dans son pays et les voix discordantes sont systématiquement invitées à se taire. Les membres de l’opposition sont d’ailleurs en exil depuis le génocide.

Malgré tout, nous devons reconnaître que le le Rwanda est la preuve que le progrès peut également naître dans les régimes autoritaires.

Laurie Mathy

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Tunisie : le rôle central des femmes dans la révolution

 

Les femmes ont toujours su marquer leur présence en Tunisie, entre autres grâce aux structures associatives. Cette situation s’explique notamment par le statut, particulièrement novateur pour le monde arabe, accordé aux femmes par le Président Habib Bourguiba, après l’indépendance, en 1956.

 

Siham Badi ministre des Affaires de la femme. DR

 

Dès lors, le Code de la famille va abolir la répudiation et la polygamie. Aujourd’hui, les Tunisiennes bénéficient du taux d’alphabétisation le plus élevé d’Afrique et sont majoritaires dans les universités.

 

Révolutionnaires pour sauvegarder leurs droits

Pourtant les inégalités ont toujours subsisté et, parce que les femmes ont enduré la dictature de Ben Ali au même titre que les hommes, elles ont activement participé à la révolution de leur pays. D’ailleurs, tout comme eux, elles en ont payé le prix.

Elles ont subi des violences policières spécifiques telles que les insultes à caractère sexiste, les attouchements grossiers, sans parler des viols qui auraient été commis ou des assassinats durant les manifestations. Si la révolution tunisienne s’est faite avec les femmes, la démocratie doit également se construire avec elles.

Les revendications sont claires : assurer l’égalité des sexes et le maintien des droits des femmes dans la Tunisie démocratique qui doit émerger de la révolution.

 

Un statut qui peine à être reconnu

Cependant, malgré leur rôle central, les femmes sont loin d’occuper le devant de la scène et le gouvernement de transition ne compte parmi ses membres qu’une seule femme, au ministère des Affaires de la femme.

A part cela, elles restent marginalisées et très peu médiatisées. Il faut noter que, depuis le 14 janvier et la fuite de Ben Ali, la question du droit des femmes n’a quasiment jamais été soulevée, que ce soit durant les débats organisés par les chaînes de télévision ou les conférences de presse. L’égalité est-elle si évidente qu’il ne soit pas utile d’en discuter ? Ou au contraire, la question est-elle si centrale que personne n’ose si frotter ?

Autant dire que l’émergence dans le paysage politique de mouvements religieux islamistes n’est pas pour rassurer la population féminine dont les aspirations s’orientent vers la séparation du religieux et du politique dans la Constitution.

Laurie Mathy

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Les Saoudiennes toujours au ban des Jeux Olympiques

 

Deux femmes qataris vont participer aux Jeux olympiques de Londres. Une première pour le Qatar qui, jusqu’alors, avait prohibé toute participation féminine. En attendant, l’Arabie Saoudite interdit toujours à ses ressortissantes de participer aux jeux.

 

L'équipe de basket féminin de Jeddah united, seul club sportif saoudien doté d'équipes féminines. DR

L'équipe de basket féminin de Jeddah united, seul club sportif saoudien doté d'équipes féminines. DR

Lorsque les Jeux olympiques modernes sont lancés en 1896, aucune athlète féminine n’est présente à Athènes. La participation des femmes aux JO s’est accentuée dans les années 1970 avec la popularisation du sport féminin et l’augmentation du nombre de clubs dans le monde. C’est à Athènes, en 2004, que le record de la participation féminine a été enregistré. En effet, 40,7 % des athlètes étant des femmes.

 

Une conquête progressive des JO

Le Comité international olympique (CIO) a œuvré pour encourager la participation féminine en décidant, en 1991, que tout nouveau sport présent lors des JO doit comporter des épreuves féminines. En acceptant sans condition la participation de l’Arabie Saoudite, le CIO accepte tacitement les discriminations ouvertes du royaume. Le comité semble donc reculer dans son engagement pour l’égalité des sexes.

Trois pays n’ont, jusqu’à présent, jamais présenté de femmes aux jeux olympiques : le Qatar, l’Arabie Saoudite et le Brunei. Ce dernier, très petit pays, participe très peu aux JO et se limite en général à l’envoi d’un seul athlète. Aucun athlète n’avait d’ailleurs été envoyé à Pékin en 2008.

Le Qatar vient d’abandonner ses restrictions, comme l’a confirmé le secrétaire général du Comité olympique du pays, le 20 février dernier. Deux femmes ont pour l’instant reçu des laisser-passer pour participer aux épreuves sportives à Londres. Il s’agit de la nageuse Nada Arkaji et de la sprinteuse Noor al-Malki. D’autre part, 2 autres femmes pourront se joindre à elles.

Le Qatar a annoncé sa candidature pour l’accueil des Jeux olympiques olympiques de 2020.

 

Faire pression sur l’Arabie Saoudite

L’Arabie Saoudite reste le seul pays a exclure expressément toute participation féminine. Cette année encore, le pays n’envoie que des hommes, sans qu’aucune réaction ne se fasse entendre du côté du CIO.

Dans le royaume, les filles ne reçoivent pas d’éducation sportive à l’école et les femmes se voient interdire l’accès à l’ensemble des clubs sportifs et lieux d’éducation physique gouvernementaux. Jeddah united, société privée, est la seule organisation sportive saoudienne dotée d’équipes féminines.

Human Rights Watch a fermement critiqué le CIO pour l’absence de pression sur le régime. En effet, cela revient à accepter ces discriminations. La porte porte-parole du CIO a précisé, dans le New York Times, que le comité «ne donnerait aucun ultimatum ou date butoir, mais que le dialogue pouvait apporter beaucoup».

Lors des Jeux olympiques de la jeunesse, organisés à Singapour en 2010, la cavalière Dalma Rushdi Malhas pu participer et décrocher une médaille de bronze. Elle était vêtue d’une tenue la couvrant totalement, en accord avec la pratique saoudienne de la loi islamique.

Human rights watch exige également l’autorisation de l’éducation physique en milieu scolaire.

Carine Dréau

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Les pays où les femmes n’ont pas leur place au Parlement

carte : Patrick Jochum

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