Dimanche 11 mars 2012 à Paris, Youssou Ndour, président de Fékké ci ma boolé, s’est montré déterminé à travailler à la défaite du président Wade au soir du 25 mars prochain. Pour leader vocal de Super Etoile, le président Wade n’a aucune chance de remporter ces élections.
« Mathématiquement, c’est impossible » a-t-il martelé à plusieurs reprises avant de soutenir que « Wade va dégager démocratiquement sinon, on va le déloger ». Si les autres intervenants ont appelé à voter pour Macky Sall, ils ne veulent pas lui donner un blanc-seing, considérant qu’il ne faut plus tomber dans le piège de 2000.
Travailler pour le bien de tous
Malgré l’invalidation de sa candidature, Youssou Ndour est véritablement engagé pour contribuer à une éventuelle défaite du président sortant Wade le 25 mars prochain. Il l’a fait savoir hier devant de nombreux Sénégalais qui ont envahi une des salles de l’hôtel Méridien de la Porte Maillot, contigu au célèbre Palais des congrès. La salle devrait accueillir 200 personnes, mais ce sont plus de 350 qui sont là ! Au point que les vigiles de l’hôtel ont fermé la porte afin d’empêcher des gens d’assister au meeting. Aucune explication n’est acceptée, les vigiles faisant savoir qu’ils redoutent un contrôle des services de sécurité qui pourraient prendre des sanctions parce que la capacité de la salle est dépassée.
Cela n’a pas pour autant adoucit l’ardeur de Youssou Ndour aui s’est montré offensif. A la foule, il a tenu à préciser : « Aujourd’hui, il faut s’oublier. Il n’y a qu’un homme, qu’un leader qui incarne l’espoir de tout un peuple : c’est Macky Sall », a-t-il fait savoir avant de poursuivre : « Je voudrais qu’on s’oublie pour se concentrer sur l’objectif de la majorité des Sénégalais. J’ai commencé à chanter à l’âge de 5 ans. Si je suis devenu ce que je suis, c’est grâce aux Sénégalais qui m’ont soutenu, supporté, encouragé, aimé », martèle le président de Fékké ci bollé sous les vivats de l’assistance. Le lead vocal du Super Etoile a tenu a expliquer son implication en politique. Il a indiqué que l’échec de la candidature unique de Benno Siggil en est une des raisons.
Un échec qui entraîné une déception pour ceux qui voulaient le changement à la tête du pays. « A un moment, il y a eu tellement de déception. La majorité des Sénégalais a perdu l’espoir en 2009 avec l’avènement de Benno Siggil Sénégal qui leur avait fait beaucoup de promesses. A la veille des élections, nous avons tous sentis qu’il y avait division. Pas dans la direction du changement, mais à cause de ses ambitions personnelles », souligne Ndour qui ajoute : « Nous avons senti que le Sénégal reperdait espoir. Nous avons analysé la situation, nous avons observé et discuté avec les gens. Nous nous sommes appuyés sur notre réseau. C’est l’occasion de remercier les membres du Fekké ma ci boolé. C’est à ce moment là que nous avons compris que nous n’avons plus le droit, vu ce que les Sénégalais ont investi sur moi, de regarder cette situation et croiser les bras ! », lance-t-il à la salle composée des militants de toute l’opposition et des membres de Fékké ma ci bollé.
Youssou Ndour attire toujours les foules
Certains sont venus de presque toutes les provinces de France. Reprenant un des termes les plus célébres de l’éditorial signé par les journaux sénégalais à l’occasion de l’emprisonnement de Madiambal Diagne en 2004, Youssou Ndour soutient que « le monstre commençait à se relever encore ». Il a alors « évalué » la situation avant de prendre la « décision de participer à redonner espoir à notre peuple. C’est dans ce cadre que notre mouvement s’est investi. Mais ils ont eu tellement peur qu’ils ont soulevé diverses questions pour tenter de nous déstabiliser. J’étais confiant malgré tout dans notre capacité d’atteindre notre objectif. Quand j’ai constaté que la majorité des Sénégalais ont commencé à perdre espoir, j’ai dit : »Lui (Abdoulaye Wade, Ndlr) il faut qu’il dégage d’abord », explique l’auteur de Birima.
Youssou Ndour n’est pas revenu sur les raisons de l’invalidation de sa candidature, mais a expliqué que celle-ci ne visait pas un «confort personnel, mais bien l’intérêt général. Il a considéré que la réponse qu’il fallait apporter à l’invalidation de sa candidature était « politique », mais que « cette réponse politique ne pouvait pas se faire dans les salons mais dans la rue. Nous l’avons déjà fait avec des millions de Sénégalais », souligne-t-il, en remerciant la diaspora qui s’est fortement impliquée.
Youssou Ndour s’est même permis de nommer Macky Sall « président de la République ». On pourrait penser que c’est un lapsus, mais non ! Il insistera pour dire que « Macky Sall est le président de la république parce que 65 % des Sénégalais ont dit non à ce système » et d’ajouter : « Mathématiquement, je vous le dis et vous le savez très bien, c’est impossible pour Wade de gagner. C’est impossible, parce que plus de 65 % ont dit non à Wade et cela va se confirmer le 25 mars » . Puis : « Wade va dégager démocratiquement, comme on lui avait donné le pays en 2000, sinon on va le déloger ». Pour lui, on est « à quinze jours d’une victoire historique du peuple sénégalais ».
D’autres intervenants ont pris la parole pour appeler, comme Youssou Ndour, à voter pour Macky Sall le 25 mars prochain. Toutefois ils ont fait savoir que ce n’est pas pour autant un blanc-seing donné au leader de l’APR. Car, ce qui s’est passé en 2000, ne se passera plus jamais. Ils ont demandé à Youssou Ndour d’être leur porte-voix auprès des partis politiques et de la société civile pour former un mouvement citoyen pour faire respecter les engagements pris par Macky Sall.
Si le chanteur a souscrit à l’idée, il a demandé aux participants d’abord de voter et de faire voter pour Macky Sall, d’appeler leurs parents et leurs amis restés au Sénégal à voter pour le candidat de l’opposition au second tour. « Je suis même prêt à louer des cabines téléphoniques pour cela. Je suis prêt à payer les frais de communication », promet Youssou Ndour. « Après nous pourrons nous consacrer au développement de notre pays. Nous avons un jeune (Macky Sall, Ndlr) qui a juste cinquante ans, qui a travaillé, qui a voyagé un peu partout dans le monde. C’est l’occasion de féliciter et d’encourager les militants de l’APR Yaakaar qui ont fait un travail extraordinaire », lance-t-il. Avant d’inviter les autres partis politiques et mouvements de la société civile à s’inspirer de ce travail. « Il y a eu rupture, il y a nouveauté, il y a nouvelle démarche. La démarche de l’APR est à saluer. Je conseille à tous les mouvements intéressés par le devenir du Sénégal de s’inspirer et faire plus par rapport à cette dynamique que nous a montrée l’APR Yaakaar », fait-il valoir.
Moustapha Barry