L’image du haut fonctionnaire international qu’Alassane Ouattara a toujours inspirée semble aujourd’hui fortement égratignée. Pour cause, la tendance bien régionaliste, voire familiale, dans le choix de ses collaborateurs. Aussi bien au sein du gouvernement qu’à la tête d’institutions de l’Etat, la tendance est forte…
La Côte d’Ivoire fait la connaissance du deuxième gouvernement sous l’ère Ouattara, avec la reconduction de la même équipe et juste un nouveau Premier ministre issu du précédent gouvernement. Les gouvernements ivoiriens, sous l’ère Ouattara, déjà singuliers par leur effectif pléthorique (36), suscitent de vives critiques quant à l’origine de la plupart de leurs membres.
Gouvernement et institutions de l’Etat ne perdent pas le Nord
En effet, il est loisible de constater que le gouvernement est composé à près de la moitié de ressortissants du Nord, comme le chef de l’Etat. D’où l’emploi, par certains, de l’expression « Gouvernement de remerciement » pour qualifier ce gouvernement, quand on sait la formation politique du président Ouattara (RDR – Rassemblement des Républicains) fortement caractérisée par des militants originaires du Nord. Les institutions de l’Etat : la Chancellerie, la Cour suprême, la Haute autorité de la communication audiovisuelle, pour ne citer que ceux-là, ne sont pas en reste. Le Nord est plus que correctement représenté. Le cas assez patent de l’armée est à signaler. Les soldats ou FRCI (Force républicaine de Côte-d’Ivoire) sont majoritairement originaires du Nord avec à leur tête un Chef d’état-major lui aussi « logiquement » ressortissant du Nord.
Une gestion familiale des affaires de l’Etat
Outre les tendances très orientées vers le Nord, certaines nominations laissent entrevoir les considérations familiales. La nièce du président Ouattara, Baudin Sarrahn Ouattara (fille de son frère aîné Gaoussou Ouattara) a été nommée à la tête de l’Agence nationale de la salubrité urbaine (ANASUR).
Son frère cadet, Birahima Ouattara, plus connu sous le pseudonyme de « photocopie », pour sa ressemblance frappante avec Alassane Ouattara, occupait la fonction de Directeur des affaires administratives et financières à la présidence de la République, avant d’être fraîchement « promu » Ministre des affaires présidentielles.
Son épouse, Dominique Ouattara, déjà seule première dame à être décorée en plein mandat, a été nommée Présidente du comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants, une institution créée le 3 novembre 2011 par le gouvernement.
L’alibi de la politique de rattrapage
Lors de sa récente visite d’Etat en France, Alassane Ouattara, dans une interview accordée à l’hebdomadaire L’Express s’est expliqué sur la question de la nomination de nordistes aux postes clés. « Il s’agit d’un simple rattrapage.» a-t-il indiqué, avant de soutenir que les populations du Nord ont été longtemps lésées.
Qu’à cela ne tienne, le terme « rattrapage » employé par le président Ouattara a été largement accueilli comme une bourde présidentielle. Le message du « Vivre Ensemble » tant prôné par le président Ouattara semble dorénavant refléter un autre contenu. Les Ivoiriens aujourd’hui vivent plus « côte-à-côte » qu’ensemble.
Jacques N’ZOBIA