Lundi 4 septembre, s’est tenu un séminaire sur la gouvernance de l’internet présidé par le ministre des télécommunications, Mongi Marzouk. Le ministre a indiqué dans une intervention télévisée son intention de déterminer un cadre juridique pour organiser l’activité des réseaux sociaux et de l’Internet.
L’argument sécuritaire et de nouveau avancé comme l’impératif incontournable pour affronter les troubles à l’ordre public que ces outils pourraient véhiculer. « Ceci est déjà appliqué par les pays démocratiques et ne touchera point à la confidentialité des communications personnelles », a précisé le ministre.
Plusieurs commentateurs et activistes craignent plutôt une régression des libertés par rapport aux acquis payés au prix fort par la jeunesse révolutionnaire sous l’ancien régime. Ces menaces sur l’Internet participeraient de l’opération de « pressing » lancée par les militants islamistes pour renforcer l’autorité du gouvernement provisoire dirigé par les islamistes au sein de la société civile.
Pour Hamadi el Euch, intellectuel de gauche et rédacteur de la web TV « Thawra tv » (révolution TV), cet épisode est « indissociable du processus déjà entamé par le gouvernement d’Ennahdha pour le contrôle de l’information et la limitation du champs des libertés.
La censure est-elle de retour ? Depuis l’affaire des « guignols » de la chaîne Attounisia (l’émission a été interdite et le patron de la chaîne incarcéré pour corruption), les prétextes se multiplient pour faire obstruction à un message critique et à tout circuit d’information puissant qui échapperait au discours et aux canaux officiels.
Jamel Mkadmi qui est l’une des figures de la gauche indépendante, ne prête pas une grande importance à ces intimidations gouvernementales. Pour lui, « les activistes tunisiens ont développé un savoir-faire certain pour contourner la censure de l’ancienne dictature et, forts de cette expérience, ils sauront faire face a cette censure qui s’annonce ».
Nul doute que les libertés civiles, l’ouverture du pays au reste du monde ainsi que le destin politique de la révolution se joueront notamment sur la Toile et sur les réseaux sociaux.
Mondher Thabet
correspondant de www.opinion-internationale.com à Tunis