Depuis l’agression de leurs confrères lors d’une conférence de presse donnée par Thierry Robert, député-maire Modem de Saint-Leu (La Réunion) dimanche dernier, les journalistes de La Réunion attendent encore la réponse à leur plainte. Lundi, une manifestation de soutien aux journalistes s’est tenue sur le parvis des Droits de l’Homme à Champ-Fleuri (Saint-Denis). « Nous ne sommes pas en Birmanie ou en Iran, mais à La Réunion » annonce Malango, un journal de la Réunion. Selon ce journal, la cause de ce lynchage programmé des deux journalistes par la foule, cautionné par un député-maire, n’est autre qu’un simple désaccord sur la Une du Journal de l’Ile de La Réunion.
Vendredi dernier, Thierry Robert, devant la Préfecture, s’agenouilla devant le représentant de l’Etat, puis décide de camper devant les grilles de la Préfecture, d’où il est chassé par les forces de l’ordre. Il tombe inanimé dans les escaliers et est hospitalisé, selon la même source. L’élu était là pour obtenir une cinquantaine de contrats aidés supplémentaires pour sa commune touchée par le chômage. « Du grand cinéma ! » titre alors le journal de l’île de La Réunion (JIR) qui se demande si, pour l’élu, c’est de la « politique spectacle ou le besoin d’exprimer un réel malaise social ? ». Puis, le député-maire programme une conférence de presse le dimanche 16 septembre. Il est venu entouré de ses sympathisants, « 150 à 200 selon le JIR », dont certains commencent à invectiver : « Nou vé pa voir personne le JIR à tèr la ! », rapporte la presse. C’est ainsi que Thierry Robert demanda : « Je veux savoir s’il y a un journaliste du JIR. S’il y a un journaliste du JIR, ils ne sont pas les bienvenus », prévient d’emblée le député maire. C’est dans ce contexte que la journaliste de la JIR a été agressé et sa caméra arrachée. «Edouard Marchal, journaliste du Quotidien, s’interpose pour la défendre, il est frappé puis jeté au sol par les sympathisants du député. Là encore, Thierry Robert ne réagit pas et laisse se poursuivre ce déchaînement de violence. Admis aux urgences, le journaliste a décidé de porter plainte.
Outrés, les journalistes locaux suivent de près la suite de cette affaire. Et selon la presse locale, « le jugement devrait être la meilleure réponse à apporter à ces comportements ». De nombreuses personnalités et partis politiques ont condamné cette agression. De son côté, le député-maire parle d’un « regrettable accident dû à une confusion », et présente ses « excuses les plus sincères à ces journalistes mais aussi aux organes de presse qu’ils représentent ».
Nirina Rasoanaivo
(Antananarivo, Madagascar)