Le Viêt-Nam ne relâche pas la pression sur les blogueurs dissidents. Le tribunal de Hô-Chi-Minh-Ville (ex-Saïgon) a condamné Nguyen Van Haï (alias Dieu Cay, 60 ans), Ta Phong Tan (44 ans) et Phan Thanh Haï (alias Ba Saïgon, 43 ans) à respectivement 12, 10 et 4 ans de prison pour « propagande contre l’État ». Nguyen Van Haï devra par ailleurs passer 5 années supplémentaires en résidence surveillée après avoir purgé sa peine. Ta Phong Tan et Phan Thanh Haï devront quant à eux passer par 3 années de liberté conditionnelle. Les trois dissidents ont été condamnés sur la base de l’article 88 du code pénal, réprimant la « propagande contre la république socialiste du Viêt-Nam ». Ils se sont attirés les foudres des autorités par leurs nombreux articles sur le Freelance Journalists Club (Club des journalistes indépendants), un blog lancé par Nguyen Van Haï. Phan Thanh Haï, ancien avocat, et Ta Phong Tan, ex-policière, évoquaient des sujets sensibles comme la corruption, l’injustice du système juridique vietnamien, les dissidents ou encore les disputes territoriales avec la Chine.
Prévu cet été, le procès des trois blogueurs avait été reporté suite à l’immolation et la mort le 30 juillet à Bac Lieu de Dang Thi Kim Lieng, la mère de Ta Phong Tan. Lieng était désespérée par la situation de sa fille. Le régime vietnamien est l’un des pires du monde en matière de liberté d’expression, selon Reporters sans frontières. Le pays occupait la 172e place sur 179 dans le classement de l’association en octobre 2011.
Ce pays fait aussi partie de l’Organisation Internationale de la Francophone dont on peut se demander en quoi il partage les valeurs de respect des droits de l’homme.
Yannick Le Bars