Avant de s’envoler pour le sommet de la Francophonie qui s’ouvre aujourd’hui à Kinshasa, le président français François Hollande a effectué la veille une visite d’État à Dakar. Après un tête-à-tête avec son homologue sénégalais Macky Sall, les deux chefs d’État ont donné un bref point de presse conjoint. Opinion Internationale a pu poser une question au président français qui parle notamment de l’engagement de la France dans son combat pour l’abolition de la peine de mort, de l’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union Européenne et de la question du Nord Mali.
OPINION INTERNATIONALE : La France s’est engagée dans une campagne pour l’abolition de la peine de mort à travers le monde. Que compte-t-elle faire à l’endroit de la Gambie qui vient récemment d’exécuter 9 personnes ?
François Hollande : La France est engagée pour l’abolition de la peine de mort. Cet engagement n’est pas simplement celui du cœur et du principe. C’est aussi un engagement des civilisations qui unit les hommes et femmes soucieux du respect de la dignité humaine. Nous allons continuer ce combat car pour nous, les exécutions qui se sont passées en Gambie traduisent une situation de non-État de droit. C’est pourquoi au nom du combat pour l’abolition de la peine de mort, nous menons également un combat pour la démocratie et le respect des droits de l’Homme qui se trouvent être bafoués dans ce pays.
François Hollande a aussi répondu aux questions d’autres journalistes lors du même point presse :
L’Union Européenne s’est vue décerner le prix Nobel de la paix cette année. Quelle est votre appréciation de cette consécration ?
C’est un grand honneur qui a été fait à l’Europe avec l’attribution de ce prix Nobel. Je pense à toutes les générations d’hommes et femmes qui ont voulu porter ce projet au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Réunir les peuples qui se sont combattus, faire la paix mais surtout ouvrir une espérance plus grande encore. Tous les pays membres d’hier et ceux qui les ont rejoint après, ont tissé des liens pour préserver l’essentiel. Ils ont ouvert un nouveau champ culturel, économique, politique et créé une monnaie qui les unit.
Je pense aussi à ces hommes et femmes qui ont cru à leur foi, à leur conscience et à leur mandat. Tout comme je pense à notre responsabilité. Car si l’Europe a eu ce prix c’est parce qu’elle a été capable de faire cette grande aventure pour l’union, de la paix et des droits. Cette Europe est capable de créer, pour les générations futures, une perspective de croissance de progrès, de solidarité et d’emploi. Une perspective pour ouvrir de grands chantiers pour les échanges culturels, le développement durable. Nous sommes honorés et fiers et en même temps nous sommmes devant nos propres responsabilités.
L’Europe reçoit le Prix Nobel de la paix au moment où il s’y passe des actes comme les caricatures de l’Islam. Comment expliquez-vous cela en termes de respect de l’autre ?
L’Union Européenne a créé un espace de droit dans lequel il y a la liberté de pratiquer le culte de son choix dans le respect de la liberté des autres cultes ou des lois de chacun des pays. La nôtre s’appelle la laïcité. L’Europe a reçu un prix pour la compréhension commune de la paix, des droits, de la tolérance et de la vie en commun. Il n’y a rien à craindre dans un pays de droit par rapport à la pratique d’un culte et la coexistence entre des religions. D’ailleurs, le Sénégal est un exemple en cela. Voilà ce que je peux dire sur ce sujet.
Quand la résolution pour l’intervention des forces militaires au Nord Mali sera-t-elle votée par les Nations Unies?
La résolution sera votée dans les heures qui viennent. Ensuite il faudra attendre 45 jours pour voter une seconde résolution mettant en ordre les parties qui ont été définies par la première. Concernant l’intervention elle-même, c’est aux Africains qu’il convient de poser la question. Parce que nous procurons un appui sur le plan matériel et logistique au nom de cette résolution du Conseil de sécurité. Mais ce sont les Africains qui mettrons en œuvre l’opération sur le terrain.
Propos recueillis par Ibrahim KANDJIMOR
Correspondant de www.opinion-internationale.com à Dakar