“Si 10 000 personnes mourraient en une journée dans un tsunami ou une attaque terroriste, la nouvelle ferait la une partout dans le monde”. Pour les victimes de la faim, il n’en est rien. C’est ce terrible paradoxe qu’a tenté de mettre en lumière Action Contre la Faim ce lundi 15 octobre, en investissant le parvis de l’église Saint-Sulpice. A la veille de cette Journée mondiale du 17 octobre d’action contre la faim et de la réunion internationale sur la hausse des prix alimentaires à Rome, l’organisation avait reconstitué une impressionnante scène de crime, où presse et passants étaient conviés à échanger avec des experts nutritionnistes sur ce phénomène silencieux au long court.
Selon l’organisation, les lents progrès ces dernières années dans la lutte contre la sous-nutrition dans le monde ne doivent pas faire oublier ses causes structurelles. L’agriculture familiale et de subsistance, permettant traditionnellement l’autonomie alimentaire et la sécurité nutritionnelle avance en effet sur le fil du rasoir. Par manque d’investissements ciblés sur l’augmentation des rendements nutritifs des récoltes, face aux aléas climatiques et dans un contexte de volatilité des prix sur les marchés locaux et internationaux, l’accès des populations à des denrées alimentaires de qualité est fragilisé.
Action contre la faim pointe que G20 à Cannes en 2011 a déçu . Il avait adopté un “Plan d’action sur la volatilité des prix alimentaires et l’agriculture” ambitieux dont les modalités concernant la création d’un Forum de Réaction Rapide ou la mise en place d’un système d’information sur les marchés agricoles peinent encore à avancer. La répétition de cette « scène de crime » dans 30 villes en régions le 20 octobre devrait permettre à Action contre la faim de mettre à nouveau ces enjeux sur le devant de la scène, pour un temps.
Emma Ghariani