Le Texas sera-t-il un jour le dernier Etat américain à pratiquer la peine de mort et à en être fier ? C’est tout le sens du référendum qui appelle les Californiens à abolir la peine de mort le 6 novembre prochain.
Déjà 5 Etats ont récemment aboli la peine de mort par voie parlementaire, et non des moindres : Connecticut, Illinois, New Jersey, New Mexico, New York. L’Illinois fut un modèle du genre : des journalistes qui prouvent en 2000 que des innocents sont dans les couloirs de la mort, un gouverneur (républicain) qui prononce en 2001 un moratoire et commue en 2003 toutes les sentences de mort, une commission juridique et politique qui, après des années de travail, conclut à l’impossibilité d’éviter le risque d’erreurs judiciaires, enfin le Congrès de l’Illinois qui abolit en 2011.
La Californie, qui est l’Etat au plus grand nombre de condamnés à mort (plus de 800 !), choisit une voie plus périlleuse mais pleinement démocratique. Le peuple est appelé à trancher une question de société. Les derniers sondages placent en légère tête les partisans de l’abolition.
Certes, il est proposé de remplacer la peine de mort par une mort lente, comme le suggère Laurent Fabius, Ministre français des affaires étrangères, dans l’entretien qu’il nous a accordé. Mais le choix de la voie référendaire aurait le mérite (idée inouïe il y a encore quelques années) de dire : le peuple américain, des citoyens américains ont décidé, en conscience et souverainement, d’abolir la peine de mort.
Si le peuple californien en décide ainsi, on pourra dire enfin que, à part de rares exceptions comme le Texas, les Etats-Unis pourraient à moyenne échéance en finir avec une justice qui tue. Rappelons que la courbe des exécutions est en chute constante (37 exécutions cette année pour plus d’une centaine par an au début des années 2000).
Il nous semble enfin que le vote des Californiens pourrait inciter le président Obama, s’il est réélu, et alors même qu’il est partisan de la peine de mort pour les crimes les plus odieux, à ouvrir un débat de société national car la peine capitale est aussi appliquée au niveau fédéral. Mais cela est une autre histoire…
Michel Taube