La session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a eu lieu, le 11 novembre, à Abuja, capitale du Nigéria. Les chefs d’Etat africains veulent à tout prix libérer le Nord-Mali, depuis plusieurs mois entre les mains des islamistes d’Ansar Dine. Mission difficile, pour une coalition qui affiche sa volonté commune de libérer la région.
Après plusieurs mois d’occupation par les groupes armés d’Ansar Dine, d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) et du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), le Nord du Mali reste toujours une pomme de discorde au sein de l’Union Africaine. Depuis 4 mois, le groupe islamiste Ansar Dine, membre de la nébuleuse Al-Qaïda, a pris le dessus sur les rebelles Touaregs, qui ont, pendant plusieurs années, régné en maîtres dans cette partie de l’Afrique sub-saharienne, allant même jusqu’à revendiquer leur séparation définitive du reste du Mali.
Aujourd’hui, les enjeux sont de taille et la reconquête du Nord du Mali devient pour les dirigeants africains une obligation afin de ne pas voir d’autres parties du continent noir tomber entre les mains de ces groupes islamistes, qui prolifèrent dans la partie Ouest du continent africain.
Lors de leur dernière conférence qui s’est tenue mardi dernier à Bamako dans la capitale du Mali, les chefs d’Etats africains avaient à l’unanimité adopté « un concept d’opération harmonisé » : un plan de reconquête du Nord-Mali. Selon le journal Actuniger, ce « concept » aurait été auparavant mis au point par des experts internationaux et africains. Il préconise la composition d’une force de 3.000 à 4.000 soldats, essentiellement ouest-africains, qui interviendra au Mali avec l’aval de l’ONU ainsi que le soutien logistique des pays occidentaux.
A Abuja ce dimanche, un plan pour la mise en place d’une force militaire de 3.300 soldats, composée de militaires de pays membres de la CEDAO (mais ouverte à d’autres pays, hors continent) a finalement été adopté par les chefs d’Etat de l’Afrique de l’ouest. Ce plan devrait être transmis avant le 15 novembre prochain au Conseil de sécurité des Nations Unies, lequel devra à son tour voter une résolution donnant le feu vert au déploiement de la force.
La décision des chefs d’États africains d’intervenir au Nord-Mali ne fait néanmoins pas l’unanimité. L’Algérie, considérée jusque là comme la cheville ouvrière dans le processus de négociation, est formellement contre toute intervention militaire dans la zone et n’hésite pas à mettre les bâtons dans les roues de la Cédéao. La Mauritanie est sur une position médiane.
La récente intervention en Libye occupe en effet encore les esprits. Elle est toujours considérée comme un échec par la communauté internationale qui déplore la mort tragique du président Kadhafi et la circulation incontrôlée d’armes au sein de la rébellion touareg. Une intervention dans le Nord-Mali risque de transformer la région en une véritable poudrière, d’où la réticence de certains États, qui rechignent de plus à voir les pays occidentaux mettre le nez dans leur pré-carré.
En même temps, au vu des exactions et des violations des droits de l’homme commises par les islamistes dans le nord Mali, on comprend la volonté de la communauté africaine d’en finir avec ces forces politiques étrangères à la culture et aux traditions de ce pays et du continent sub-saharien.
Cheikh Dieng