Tunisie
09H44 - dimanche 13 janvier 2013

Le bras de fer du gaz de schiste se joue aussi en Tunisie

 

 

Le gaz de schiste est au cœur de débats enflammés à propos de ses effets néfastes sur l’environnement. En France, en Europe comme en Afrique. Certains en ont peur et d’autres font l’autruche et notamment les politiques.  Qu’est-ce que ce gaz ? Quel est le problème  posé par l’exploitation de ce gaz en Tunisie ?


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La polémique du gaz de schiste

Le gaz de schiste, également appelé «  gaz de roche-mère » ou « gaz de shale », est un gaz d’origine naturelle, engendré par la décomposition d’argile riche en matières organiques et extrait à partir de terrains marneux ou argileux. Contrairement au gaz naturel, le gaz de schiste est piégé dans des roches compactes et dures à la différence avec le pétrole et le gaz qui se puisent dans un réservoir. Il faut d’abord creuser un puits vertical et ensuite un puits horizontal, parallèle à la surface de la terre. Ainsi il est donc nécessaire de fracturer ces roches pour pouvoir récupérer ce gaz. On injecte un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques pour libérer les molécules de gaz.
Les lobbys écologistes internationaux et notamment l’association tunisienne Agri-eco-forest luttent contre la prospection du gaz de schiste car il y a un risque de contamination des sols et de l’eau lorsque les puits sont mal cimentés. Chaque puits peut être fracturé plusieurs dizaines de fois et chaque fracturation consomme entre 7 et 28 millions de litres d’eau dont une partie seulement est récupérée.
L’avantage de ce gaz est qu’il se trouve dans le sol de beaucoup de pays comme la Tunisie, ce qui permet d’en disposer sans avoir à en acheter ailleurs, favorisant l’indépendance énergétique. Cet avantage oblitère néanmoins les sérieuses conséquences environnementales de son exploitation.

 

Les réactions de la société civile tunisienne pour l’environnement contre le gouvernement

En Tunisie, les inquiétudes ont été alimentées par les premières déclarations faites le 19 septembre 2012 par le ministre de l’Industrie, Mohamed Lamine Chakhari, sur les ondes d’une radio privée. Le ministre a ainsi affirmé que « les techniques d’exploitation de ce gaz, qui ont connu un grand succès aux Etats-Unis et au Canada, ne sont pas dangereuses », rappelant qu’une convention a été conclue avec le groupe Shell pour l’exploitation du gaz de schiste en Tunisie. Et c’est dans ce cadre que cette société effectuera des travaux de prospection dans la zone du « bassin de Kairouan » (de la ville Kairouan jusqu’à  la ville d’El Jem via le gouvernorat de Sfax) et utilisera des techniques de forage sur une profondeur de plus de 4500 mètres. Il a ajouté que « Le ministère de l’industrie se contente, actuellement, de mieux connaître l’énergie du gaz de schiste et de se faire une idée plus claire sur les expériences menées, à travers le monde, dans ce domaine. Nous ne sommes pas pressés de l’exploiter. »

Les associations actives dans ces domaines recommandent la création d’une commission indépendante constituée d’experts tunisiens et d’écologistes ainsi que de députés pour examiner les revendications concernant l’octroi des permis d’exploration et de prospection des carburants non-conventionnels et évaluer les risques inhérents au gaz de schiste. Le 9 octobre 2012, une manifestation  a été organisée par l’opposition devant l’Assemblée Nationale Constituante par des militants écologistes, des citoyens, des membres de la société civile et quelques députés pour dénoncer ce projet d’exploitation du gaz de schiste, en Tunisie, qui provoque également des maladies cancérigènes en plus de ses conséquences sur l’environnement.

 

Le gouvernement tunisien et le Ministre Chakhari n’ont pas mis en œuvre le principe de précaution au vu des différentes études déjà réalisées par des experts dans d’autres pays pour protéger la population tunisienne de tous les risques encourus. Le bras de fer du gaz de schiste en Tunisie ne fait que commencer.

 

Mehdi Haouas