La danse est un moyen pour promouvoir la liberté et la créativité de jeunes talents tunisiens. A travers la break dance notamment, les jeunes tunisiens expriment leur soif d’affranchissement.
La danse, un moyen d’expression
Le corps pour exprimer la liberté de bouger et se réapproprier l’espace public à travers la danse et l’art urbain. Les danseurs tunisiens de break dance ont souhaité partager un message de liberté par leur initiative vidéo Je danserai malgré tout afin de revendiquer la liberté des citoyens tunisiens dans l’espace public qui était surveillé et restreint sous la dictature de Ben Ali. OI a rencontré Chouaib Brik, danseur de break dance et président de l’association ART Solution qui a organisé l’initiative des danseurs citoyens. Le break dance est un art de rue, un art populaire très présent dans les rues des quartiers populaires de Tunis mais aussi dans les régions, d’après le danseur Chakib.
Sous le régime de Ben Ali, les rassemblements ou les manifestations étaient hautement surveillés voire interdits et les spectacles de rues bannis. Les rassemblements de danseurs de break dance, qui se retrouvaient pour danser dans les rue de Tunis, étaient empêchés et dispersés par la police selon Chakib. La première vidéo Je danserai malgré tout a eu un grand succès sur les réseaux sociaux par lesquels elle a été relayée. La portée de cette initiative des danseurs citoyens est profonde tant elle rappelle combien le corps était également soumis à des contraintes et limites sous la dictature.
La création d’ART Solution
Après la révolution de janvier 2011, les danseurs de break dance de Tunisie ont souhaité être sponsorisés afin de pouvoir participer à des compétitions internationales. Ces jeunes talents et artistes ont d’abord été repérés par l’institut français de Tunis par « chance » comme dit Chouaib. En mai 2011, Chouaib et d’autres danseurs ont créé l’association ART Solution afin de pouvoir recevoir des fonds de financement et ainsi être sponsorisés pour participer à la grande compétition mondiale de break dance « Battle of The Year ». L’association avait pour première vocation de promouvoir les danseurs tunisiens de break dance à l’international. Cependant les membres fondateurs dont Chakib Brik et Bahri Ben Yahmed ont souhaité élargir le domaine de compétence de l’association à la promotion des arts de rue tels le graffiti et la danse Hip Hop. ART Solution a également travaillé avec un collectif de danseurs, musiciens et peintres.
La break dance, une réponse sociale
ART Solution a également revêtu une dimension sociale en proposant des cours gratuits et des ateliers de break dance aux jeunes des quartiers populaires. Ces cours sont une alternative proposée à ces jeunes qui manque de moyens pour accéder à la culture et au sport. L’initiative a eu du succès et elle continue à se développer avec les maisons de jeunes.
Aujourd’hui différentes institutions culturelles et européennes présentes en Tunisie contribuent au financement de l’association.
L’association travaille également sur la formation de formateurs qui pourront ensuite donner des cours de danse et permettre la promotion de talents. ART Solution présentera des danseurs citoyens lors de la prochaine compétition internationale « Red Bull BC one » en mai 2013.
La break dance pour interpeller les citoyens tunisiens
Les danseurs vont continuer toutes leurs initiatives et des spectacles seront organisés en. La vidéo Je danserai malgré tout 2 est très touchante et révèle d’une manière atypique la créativité de ces jeunes tunisiens qui revendique la liberté et le pouvoir de danser. Lors de la dernière initiative Je danserai malgré tout 3, les danseurs citoyens ont invité le public à danser avec eux sur la place de porte de France à Tunis en alliant la danse traditionnelle tunisienne à la break dance.
La liberté du corps mis en scène par la danse souligne la liberté d’expression et de circuler sans contraintes « obscures ». La créativité artistique s’exprime aussi avec le corps par la danse. Ces jeunes danseurs tunisiens ont énormément de talent et un potentiel de créativité remarquable.
Je danserai malgré tout est une très belle initiative portée par l’art urbain et ces danseurs pour interpeller la conscience des citoyens tunisiens et souligner le rôle important de l’art et la Culture.
Sarah ANOUAR,
correspondante à Tunis