Dosaf Hamdani est une chanteuse dont l’envergure se mesure bien au-delà des frontières de son pays, la Tunisie. OI –Opinion Internationale a rencontré la chanteuse à Tunis le jeudi 14 février 2013. Portrait.
Née en à Tunis en 1975, Dorsaf Hamdani est membre d’une famille « d’artistes dans l’âme et amoureux de la musique ». Ses proches reconnaissent en elle, dès sa petite enfance, une capacité à chanter juste. Pendant son enfance et son adolescence, elle a suivi des cours de musique au Conservatoire National de Tunis, puis elle rencontre très vite le succès lors de sa participation à des concours de chant nationaux ou internationaux. En 1992, elle émerge sur la scène musicale tunisienne en remportant le premier prix des « jeunes talents » à l’âge de 16 ans. Son style apparaît déjà comme atypique sur la scène des chanteuses tunisiennes.
Après cinq années au Conservatoire National de Tunis et l’obtention du baccalauréat, Dorsaf entame ses études supérieures à l’Institut Supérieur de Musique à Tunis et en 1998 elle part s’installer à Paris pour envisager un troisième cycle en musicologie à l’université de la Sorbonne.
En 2004, après son retour en Tunisie, elle poursuit sa carrière de chanteuse en collaborant dans plusieurs projets et son identité musicale continue à s’inscrire dans le style de la « World Class Music » (musique de fusions) par lequel elle précise sa signature vocale en étant inspirée par « la musique qui touche l’âme ». Son répertoire varie en alliant aussi bien un style de chansons classique que moderne. Dorsaf Hamdani estime que son « identité musicale passe par sa voix et non par le style de musique chantée ». Consciente, que cette identité musicale, désoriente les médias et le public tunisiens, elle revendique sa liberté de pouvoir interpréter un répertoire varié : « la musique est pour moi un océan dans lequel je me baigne très facilement ». Ses propos viennent appuyer son identité propre mise en évidence par ses différents aspects.
En 2008 et après s’être retirée quelques années, Dorsaf Hamdani revient sur la scène à Hammamet en recevant un bon écho du public tunisien bien que celui-ci reste dubitatif quant à son incapacité à pouvoir identifier la chanteuse dans un style bien établi.
L’année 2010 a été comme un tournant dans la carrière de la chanteuse qui a présenté une nouvelle création artistique et musicale Ivresses, autour de la poésie d’Omar Khayyam, avec le chanteur persan Alireza Ghorbani.
Ce duo est percutant dans sa symbolique car il réunit une femme et chanteuse tunisienne avec un chanteur d’Iran, où les femmes ne peuvent pas chanter publiquement, autour de thèmes délicats tels l’amour, l’ivresse et la religion. Cette création a été vivement appréciée par le public à Paris et Dorsaf nous a révélé « la magie et la transcendance régnantes » lors de ce spectacle. Elle exprime ainsi son souhait de multiplier ces expériences multiculturelles.
En février 2012, Dorsaf Hamdani signe sa renommée internationale lors de la sortie de
son dernier album Princesses du Chant Arabe dans lequel elle interprète des grands classiques de la chanson arabe pour rendre hommage aux divas et légendes du monde arabe : Oum Kathoum, Fairouz et Asmahan. L’album a fait de très bonnes ventes en France et Dorsaf sera en concert à Paris le samedi 23 février 2013 à 20h30 à l’Institut du Monde Arabe puis les 19 et 20 avril 2013 à l’Opéra de Rennes. Elle continuera sa tournée durant l’année 2013 tout en commençant à envisager un nouvel album.
En évoquant la situation actuelle en Tunisie, elle a souligné l’importance du rôle des artistes dans l’émergence d’une démocratie en Tunisie et elle répondra à l’appel pour « la Tunisie des Libertés » lors de la soirée organisée à Paris le lundi 25 février à 20h au théâtre du Djazet.
Dorsaf Hamdani est une chanteuse vivant « par la musique » et non pour la musique. Elle marque les esprits par son style simple, atypique, souligné par une hauteur intellectuelle et ouvert sur « l’océan » des musiques du monde.
Sarah Anouar,
Correspondante à Tunis