Aux Etats-Unis, où les propos sexistes de représentants sont monnaie courante, les élus républicains ont rechigné à adopter l’une des lois les plus importantes pour la protection des femmes.
Le 12 février dernier, le Sénat américain a adopté la Loi contre les Violences contre les Femmes (VAWA suivant son acronyme anglais pour Violence Against Women Act), à une forte majorité : 78 sénateurs, dont 15 Républicains, contre 22. Cette loi, adoptée une première fois en 1994, a été reconduite en 2000 et 2005, autorisant ainsi des programmes de sensibilisation à la violence contre les femmes et à l’aide aux victimes pour les forces de l’ordre, juges et procureurs. Elle a également permis la création d’un numéro national, la National Domestic Violence Hotline, qui reçoit aux alentours de 22 000 appels par mois et a contribué à la criminalisation du harcèlement sexuel et moral, ainsi qu’à l’étendue de celle du viol conjugal aux cinquante Etats américains.
La loi a failli ne pas être renouvelée
Selon les statistiques nationales, cette loi a un réel impact sur la réduction de la violence domestique, qui a baissé de 64% entre 1994 et 2010, grâce notamment aux programmes de protection des personnes contre les violences et abus domestiques, dont ont bénéficié des millions de personnes.
Cependant, la dernière version de la VAWA qui devait être adoptée en 2012 a été rejetée en raison de l’extension de ses programmes aux personnes LGBT, aux immigrants sans-papier et aux peuples indiens nord-américains, des populations particulièrement vulnérables aux violences en tous genres.
Tant que la loi n’est pas renouvelée, « cela ne fait que renforcer une culture et un climat dans lesquels les responsables peuvent continuer d’offenser », selon la formule de Karen Moldovan, Program Manager de la Coalition contre les agressions sexuelles du Colorado, dans le Denverpost.
C’est pourquoi nombreuses ont été les personnes à se mobiliser pour demander à la Chambre des Représentants de reconduire la loi. S’ajoutant aux diverses pétitions qui circulent sur Internet, la National Task Force to End Sexual and Domestic Violence against Women, forte du soutien de plus de 250 associations américaines, a appelé au vote de la loi. A ses côtés se sont trouvés des représentants de l’ONU, notamment les Rapporteurs spéciaux sur les droits des populations autochtones, James Anaya, et sur la violence contre les femmes, Rashida Manjoo.
Engagement personnel de Barack Obama
Enfin, le Président américain Barack Obama a lui aussi fait valoir l’extrême importance de réautoriser la VAWA lors de son Discours sur l’Etat de l’Union, le 12 février dernier. « Nous savons que notre économie est plus forte lorsque nos femmes, mères, et filles peuvent vivre leur vie sans discrimination sur leur lieu de travail, et sans peur de la violence domestique. Aujourd’hui, le Sénat a adopté la Loi contre les Violences contre les Femmes que Joe Biden avait premièrement écrite il y a presque vingt ans. J’exhorte la Chambre à faire de même. »
La Chambre a finalement répondu favorablement à ces appels le 28 février – 286 représentants votant pour la reconduction, et 138 contre – une adoption particulièrement célébrée par les organisations de droits des femmes aux Etats-Unis. D’autant plus que Barack Obama a envoyé un message fort en l’honneur des femmes en promulguant la loi pour la Journée Internationale de la Femme.
Cléo Fatoorehchi