Depuis la descente de Serge Charnay de la grue le 18 février, le mouvement pour les droits des pères a trouvé une certaine visibilité en France. Mais en s’attaquant aux femmes dans leur ensemble, ils en oublient le problème fondamental de l’inégalité entre hommes et femmes.
« Ce qui m’énerve le plus, c’est que la cause des papas n’est pas entendue et que les femmes qui nous gouvernent se foutent toujours de la gueule des papas et qu’il va falloir se battre beaucoup plus ». C’est ce qu’a déclaré Serge Charnay à la presse après être descendu, le 18 février dernier à Nantes, d’une grue où il s’était retranché trois jours durant afin de protester contre la décision de justice qui l’empêchait d’avoir droit de visite sur son fils.
Son action a mis en lumière l’association SOS Papa, qui se bat pour s’assurer que le père ne voit pas ses droits bafoués lors du divorce. Ils invoquent en particulier le droit de l’enfant d’avoir des contacts avec ses deux parents, d’autant plus que ce serait crucial à son développement. Cette association rejoint la mouvance des organisations pour les droits des pères, qui a vu sa naissance au Québec. Fathers for Justice, créé en 2001 en Grande-Bretagne, est l’une des organisations qui rassemblent des pères se sentant spoliés par un système de justice qu’ils jugent partial car avantageant les femmes. Des projets de loi apparaissent par ailleurs régulièrement à l’Assemblée nationale en France pour demander la résidence alternée par défaut, le dernier projet en date ayant été déposé en octobre 2012.
Ceci dit, des chiffres de 2004 au Québec montrent que déjà 15 à 20% des enfants de familles séparées se retrouvent dans une modalité de garde partagée, 5 à 10% sont sous la garde du père et 70 à 80% sous celle de la mère. il est essentiel de décider au cas par cas. En effet, il est important de prendre en compte qu’une forte proportion de divorces se décide par consentement mutuel. En outre, le chiffre élevé de 70% de garde des enfants par la mère serait bien souvent le reflet d’une décision conjointe, et non le fait des décisions des juges.
Prenant en compte ces statistiques, d’autres hommes se battent à l’inverse pour les droits des femmes, revendiquant l’idée que « les rôles des hommes s’améliorent lorsque les rôles des femmes s’améliorent ; ce n’est pas un jeu à somme nulle ».
Des associations d’hommes luttant pour une société plus juste et égalitaire
Porte-parole de l’Organisation Nationale des Hommes Contre le Sexisme (NOMAS), basée aux Etats-Unis, Ben Atherton-Zeman cherche à sensibiliser les personnes, et principalement les hommes, sur leur pouvoir à changer la donne, à améliorer le statut des femmes dans la société. En l’occurrence, il se positionne fermement contre ces organisations pour les droits des pères, partant du principe que « se sentir persécuté est différent d’être persécuté ». Il explique que l’être humain a tendance à se penser victime plutôt que de prendre en compte ses privilèges, surtout lorsqu’il appartient à un groupe.
Si les cas d’hommes discriminés lors de divorces existent, de tels cas seraient grandement surreprésentés chez les femmes; selon l’expérience de M. Atherton-Zeman, ces dernières seraient toujours victimes de discriminations de la part de juges. Ce sont ces inégalités contre lesquelles il faut se battre, en suivant l’exemple de l’association White Ribbon Campaign. Rassemblant depuis 1991 des hommes qui luttent pour l’éradication de la violence contre les femmes, White Ribbon Campaign a été créée en réaction à la fusillade de femmes qui avait eu lieu dans une école au Québec – que le réalisateur Patrick Jean a documenté dans le film La Domination Masculine en 2009.