Avec l’adoption de la taxe carbone dès 1993, quand d’autres pays se demandaient encore si le réchauffement climatique était une réalité, le Danemark est très vite devenu le leader en matière d’énergies renouvelables. Mais pour soutenir cette cadence, les autorités ont dû multiplier les taxes environnementales créant la grogne de la société danoise pourtant si « green ».
A l’heure actuelle, plus de 20 % de l’énergie consommée par les 5,3 millions de Danois provient de sources renouvelables.
L’Etat s’est fixé comme objectif d’atteindre 100 % d’ici 2050. Si le projet paraît ambitieux, il est loin d’être irréalisable pour ce pays pionnier de l’énergie éolienne.
Une réelle avant-garde environnementale
Le Danemark est le premier pays à avoir construit un parc éolien offshore, en 1991, au large de ses côtes à Vindeby. De la même manière, le parc Herns Rev 2, situé à 30 kilomètres des côtes danoises, est le deuxième plus grand parc éolien offshore du monde, après le complexe Thanet construit en 2010 au large des côtes britanniques du Kent. Sans parler des 30 000 emplois que le développement de ce domaine d’activité a permis de créer.
Autre grand chantier danois, le chauffage urbain qui fournit près de 60 % de la surface totale des habitations chauffées. Ce système, qui fonctionne schématiquement comme un immense chauffage central à l’échelle d’une ville, permet d’alimenter des bâtiments à usage privé, public, résidentiel, de service ou industriel. Ceci grâce à des centrales (fonctionnant au charbon, aux déchets ou au gaz naturel) situées à la périphérie de la ville. Cette avancée spectaculaire est notamment due à l’adoption d’un certain nombre de mesures par les pouvoirs publics.
Dans un premier temps, la mise en œuvre de normes juridiques obligeant les propriétaires d’immeubles à se raccorder au chauffage urbain. Ensuite, l’interdiction d’installation de chauffage électrique dans les constructions neuves. Enfin, grande première, l’Etat a eu la bonne idée de faire participer la population à cette initiative puisque les sociétés de chauffage urbain sont presque toutes détenues par les consommateurs, grâce à des coopératives ou des sociétés municipales.
L’Etat danois a tout compris pour développer la « green attitude » : rien ne vaut une petite motivation financière pour amener tout le monde à prospecter son voisin.
Taxes, taxes, taxes…
Etre pionner dans l’énergie renouvelable c’est bien, mais à l’heure de la crise financière, du désarroi social et de la réduction des budgets, ça a un prix non négligeable.
Pour développer l’ensemble de ces domaines, qui dans les années 90 étaient loin d’être priorisés, il a fallu que l’Etat subventionne en masse pour rendre le marché attractif. Les autorités danoises ont donc créé de nouvelles taxes environnementales accentuant davantage la pression fiscale des ménages, déjà colossale. Dès lors, les Danois, pourtant fervents défenseurs des causes écologiques, acceptent mal de payer leur électricité plus chère que dans tout le reste de l’Europe (2,5 fois plus chère qu’en France), surtout quand ils savent que les deux tiers du prix représentent en des taxes.
Ceci est d’autant plus difficile à admettre pour eux, que l’électricité, qu’ils paient si chère, provient des mêmes éoliennes que celles qui provoquent les nuisances sonores et visuelles dont se plaignent si souvent les habitants. La situation est d’autant plus paradoxale, que le Danemark est l’un des principaux émetteurs de CO2 d’Europe avec l’Allemagne, car l’électricité non produite par les éoliennes provient du charbon, extrêmement polluant. Les Danois sont prévenus, la réduction du charbon passera par une augmentation de l’éolien et donc une augmentation des taxes, qui devraient d’ailleurs approcher les 230 euros par ménage dans les années qui viennent.
Laurie Mathy