Les premiers cas humains d’influenza H7N9 ont été répertoriés en Chine fin mars 2013, et cette souche de virus n’avait encore jamais été identifiée chez l’homme. Début avril, les autorités chinoises ont découvert des oiseaux infectés par ce virus. Ce qui était suspecté a été confirmé le 23 avril par les scientifiques : la source de contamination humaine est bien aviaire. Mais il reste des points à éclaircir notamment sur la transmission de la maladie à l’homme, sur les risques de mutation du virus, et sur sa propagation à plus grande échelle.
Une situation inédite
L’OIE – Organisation mondiale de la santé animale a souligné le « caractère exceptionnel de l’événement influenza A(H7N9) ». Les humains développent une maladie grave, voire mortelle, alors que les oiseaux n’expriment que très peu de symptômes (lors des précédentes épidémies comme le H5N1, la mortalité des oiseaux était très importante). La détection de la grippe chez les volailles est donc difficile et des animaux apparemment sains peuvent être porteurs de la maladie.
Une contamination incertaine
Les virus sont très « spécifiques », ils ne sont capables de se répliquer que chez des individus d’une même espèce. Le virus de la grippe fait exception et parvient parfois à franchir la « barrière d’espèce ». Dans la cas de la grippe aviaire, la transmission a lieu lors d’un contact direct avec les sécrétions des oiseaux (animaux vivants, déjections, eau, vêtements…). Les pratiques commerciales en Chine favorisent un contact plus étroit avec les animaux puisqu’on trouve des volailles vivantes sur les marchés. Cependant, une personne contaminée par le H7N9 sur deux déclare ne pas avoir été en contact récent avec un oiseau. On trouve aussi des foyers familiaux, où plusieurs personnes sont atteintes par le virus, ce qui intrigue les scientifiques. L’hypothèse privilégiée est celle d’une contamination à partir de la même source animale. « Il n’y a aucune preuve de contamination interhumaine mais on ne connaît à l’heure actuelle que le haut de l’iceberg » admet le Dr Michael O’leary, représentant de l’OMS en Chine.
Un virus réassorti
Les virus grippaux ont une autre capacité qui inquiète les chercheurs : ils sont capables de se « réassortir » et de muter. Ainsi, le virus H7N9 est en réalité une « combinaison de gènes de divers virus, avec 6 gènes du virus de la grippe aviaire H9N2 » indique l’académie des sciences agricoles de Chine. Le virus auquel les autorités chinoises font face est nouveau ; non seulement l’évolution de la maladie chez l’homme est mal connue, mais on ne sait pas s’il est stable ou pas. Le risque principal étant que le virus acquière une mutation qui lui permette de se propager d’homme à homme.
Pour l’heure, pas d’inquiétude. Vétérinaires, médecins et chercheurs font front commun pour comprendre ce virus et empêcher sa dissémination. Et il n’y a aucun risque à consommer du poulet ou des œufs cuits, même en Chine.
Hors-texte :
Les différentes grippes qui font la une de l’actualité année après année ont toutes des noms étranges. L’être humain est principalement touché par les grippes ou « influenzas » du genre A. Les coupables sont des virus. Ceux-ci portent à leur surface 2 types de protéines : l’hémagglutinine – le « H » (dont il existe 16 formes) – et la neuraminidase – le « N » (dont il existe 9 formes). La forme qui sévit actuellement en Chine est une influenza A(H7N9).