Nous serons 9 milliards d’êtres humains sur Terre en 2050, et ce sont les pays du Sud qui vont connaître la très grande majorité de cette croissance de population. Ces 9 milliards d’habitants, il faudra les nourrir. Mais comment ?
En 2012, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), une personne sur huit a souffert de la faim, soit 868 millions d’êtres humains (parmi ces affamés, 852 millions vivent dans les pays en développement). Si l’on considère tout ceux qui n’ont pas reçu les nutriments essentiels à la santé, ce sont 1,5 milliard de personnes qui souffrent de malnutrition. A l’heure actuelle, 40% de la surface de la Terre est exploité par l’agriculture. Selon l‘ONG Oxfam cette surface devrait suffire à nourrir 12 milliards de personnes. Alors, comment expliquer autant de mal-nourris ?
L’inégalité de la répartition de nourriture
Notre monde est schizophrène. On y compte également 1 milliard d’humains suralimentés. « En 2006, la ration alimentaire moyenne consommée par un Terrien est proche des recommandations, à savoir 2 600 kcal/j et 60 g. de protéines. Toutefois, on observe des écarts considérables entre la façon dont nous, les riches, nous alimentons, avec plus de 3 700 kcal/j et 90 g, et les pauvres qui arrivent à peine à 2 500 kcal et 30 g. On se trouve donc en face d’un problème d’inégale répartition de la nourriture » explique Jean-Louis Rastoin, agronome et économiste. La planète est capable de nourrir ces 9 milliards d’humains qu’on nous promet. Mais encore faudra-t-il résoudre ce déséquilibre de la répartition de nourriture : très insuffisante pour les pays pauvres alors qu’elle est gaspillée par les pays riches. La consommation des produits carnés est le révélateur de ces disparités.
De plus en plus de protéines animales
Les Américains sont les plus gros consommateurs de viande, avec 120 kg par an (soit 330 grammes par jour). Les Français en consomment 86 kg par an (235 grammes par jour) et les Chinois en mangent en moyenne 40 kg par habitant et par an. En accédant à la richesse, les habitants des pays émergents tendent à changer leurs habitudes alimentaires.
« On va devoir faire face à un effet de rattrapage des populations, qui ont été frustrées pendant des générations » rapporte Bernard Vallat, directeur de l’OIE, l’Organisation Mondiale de la Santé animale. Ce sont un milliard de personnes – vivant en Chine, en Indonésie ou encore en Malaisie – qui lors de leur passage de la pauvreté à la classe moyenne vont accroître leur demande en protéines. Elles passeront de 1 à 3 repas par jour, tout en exigeant plus de protéines animales (lait, œufs et viande). « Afin de nourrir cette population plus importante, plus urbaine et plus riche, la production annuelle en viande devra augmenter de plus de 200 millions de tonnes et atteindre 470 millions de tonnes » peut-on lire dans un rapport de la FAO, daté de 2009.
Si l’on continue à ce rythme, la moitié des céréales produites sur Terre servira à nourrir les animaux et non les hommes. Produire toujours plus de viande n’apparaît pas comme une solution viable à la fin de la faim dans le monde. Quels sont les coûts énergétiques et environnementaux de tels comportements ? Et quelles en sont les conséquences sur la santé humaine et animale ?