Mercredi 5 juin, au siège de l’UNESCO, François Hollande a reçu le prix Houphouët- Boigny pour la recherche de la paix pour avoir envoyé, en janvier dernier, les troupes françaises au Mali dans le but de mettre fin à la guerre civile. Cependant, la paix n’est toujours pas revenue dans le pays : les combats entre l’armée malienne et les rebelles du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), dans le nord, continuent. En outre, les femmes semblent faire face à une situation aussi désastreuse qu’en plein cœur du conflit, victimes de violences et de mariages forcés.
La situation des femmes au Mali n’est pas la même suivant les régions, mais les femmes voient, de manière générale, leurs droits bafoués, explique l’ancienne députée et ministre Françoise Hostalier. Si la femme malienne donne l’impression d’être partie prenante dans la vie sociale, elle reste cependant largement soumise aux mutilations sexuelles, mariages forcés et en tous cas arrangés, et à la polygamie, une pratique très répandue. Dans les régions du nord, fortement islamisées, elles font face à de plus fortes contraintes religieuses.
Une situation exacerbée par le conflit
Lors de la prise de pouvoir des islamistes sur le Nord du pays, en janvier 2012, les femmes ont été les premières et principales victimes des évènements. En imposant la charia, les islamistes ont imité les Talibans en Afghanistan, forçant les femmes à porter le voile et les arrêtant et molestant si elles ne respectaient pas la loi islamique. Le nombre de viols et autres violences sexuelles a terriblement augmenté depuis que le conflit interne a commencé.
La communauté internationale, « très préoccupée par la situation », a tenté d’apporter de l’aide aux victimes de ces violences. Et c’est ainsi, « parce qu’il y avait des femmes qui étaient victimes de l’oppression et de la barbarie », d’après les mots de François Hollande du 8 mars dernier, que la France a engagé ses troupes au Mali de janvier à avril. Cette intervention de l’armée française – puis tchadienne et des autres pays de la Cédéao – a apporté un très grand soulagement dans le pays, sans avoir cependant mis fin aux violences.
Malgré l’intervention française, les violences contre les femmes continuent
Durant l’intervention, les femmes étaient toujours battues, violées, victimes de violences et abus sexuels, et même lapidées dans les régions du Nord. Selon des chiffres d’IRIN, près de 3000 cas de violence sexuelle, basée sur le genre, auraient été commis depuis mars 2012. Et la situation s’est peu améliorée. Les mariages forcés, principalement, sont devenus monnaie courante, d’autant plus que cela permet aux Touaregs de contourner la justice pour leurs exactions sur les femmes et filles.
La place cruciale des femmes dans le processus de paix
Puisque les femmes maliennes sont livrées à elles-mêmes dans leur lutte contre les violences, la présence ou le retrait des militaires étrangers ne devrait pas avoir de grand impact sur leur situation. Néanmoins, Hostalier craint qu’elles ne pâtissent du désengagement des troupes si cela entraine des débordements.
L’espoir quant à leur sort repose sur le processus de paix, qui se doit d’inclure les femmes dans les discussions et négociations, afin que le plan de relance du pays les prenne en considération. En outre, il s’agit d’une obligation internationale, puisque le Mali a signé la Résolution 1325 de l’ONU en 2000, qui garantit l’intégration des femmes dans le règlement des conflits et la consolidation de la paix. Enfin, ce sera le rôle des femmes maliennes elles-mêmes d’assurer la fin des violations des droits humains. Pour cela, elles ont plusieurs possibilités d’action : elles peuvent agir à travers les organes de la société civile et les ONG locales et internationales, ainsi que se mobiliser et voter lors des élections présidentielles du 28 juillet.