Depuis près de vingt ans, les architectes constatent un réel développement du mouvement de la « bio-construction » ou « éco-construction ». Ses principes sont simples : le choix écologique des matériaux, la lutte contre le réchauffement climatique, et la préservation des ressources, le tout au profit de la santé et du bien-être des êtres humains.
Evoluant avec leur temps, de nombreux architectes préfèrent désormais trouver des solutions locales, environnementales et adaptées au problème de l’habitat dans chaque région. Des alternatives sont alors utilisées, comme le bois, la paille, la brique ou le torchis. Ce dernier, mis de côté pendant de longues années, est aujourd’hui le plus souvent utilisé dans l’éco-construction. Dafydd Davies-Hughes, fondateur de Felin Uchaf, un centre d’éco-construction dans le Nord du Pays de Galles, a expliqué à OI la valeur de ce matériau : « En été, ce composant permet à la maison de rester fraîche, et inversement en hiver. En plus c’est un très bon isolant thermique et phonique, et il est totalement recyclable. »
En outre, l’éco-construction prend en compte la phase de démolition d’un bâtiment lors de sa construction même, en cherchant à diminuer l’énergie grise consommée. L’énergie grise ? Il s’agit de la quantité d’énergie nécessaire lors de la fabrication, vie et destruction d’un matériau. Le bois par exemple, possède une énergie grise de 300 kWh/m3 en moyenne, alors que le béton armé requiert 1850 kWh/m3. Cet impact environnemental plus important du béton s’explique à la fois par son caractère non recyclable et par la quantité de gaz à effet de serre produit lors de sa conception. A l’inverse, le torchis et la paille sont meilleurs pour la planète, car ils provoquent très peu de pollution. La bio-construction prend donc en compte le choix des matériaux pour réduire son empreinte écologique, lutter contre le réchauffement climatique et, par la même occasion, pour la préservation des ressources naturelles.
Une meilleure maison pour son bien-être, son confort et sa santé ?
Selon la géobiologie et la domothérapie, il est possible de réduire, par l’éco-construction, les dangers posés par certaines ondes électromagnétiques – telles que celles provenant des microondes, des antennes relais, des téléphones portables. Un rapport de 2002-2003 de l’INERIS (l’institut national de l’environnement industriel et des risques) a révélé leurs effets négatifs sur les mammifères, à qui cela provoque stress, troubles du sommeil et de la concentration, et même, parfois, des risques de tumeur cancéreuse. Or, le plan de la maison (si elle est carrée ou non, si le toit est pointu ou rond) peut changer la circulation des ondes, lesquelles sont conditionnées par les matériaux utilisés. Les risques pour l’homme étant ainsi réduits, l’éco-construction, associée à une architecture équilibrée, semble bonne pour la santé, mais aussi pour le bien-être intérieur de l’être humain.
Dafydd Davies-Hughes, nous fait part de son point de vue : « Ici, nous sommes loin des structures métalliques, des maisons en béton, et de la pollution. Nous respirons. N’est-ce pas dans la nature de l’homme, de vouloir respirer ? » Pour beaucoup en Europe, l’habitat ne signifie plus seulement avoir un toit sur la tête. Il doit être biologiquement sain pour l’homme et son environnement. L’homme deviendra alors un être tridimensionnel : un être sain, dans un corps sain, dans une maison saine.
Yann-Marie Coulombez, vice-présidente de l’aDDu, association de Développement Durable de l’UPI (Université Professionnelle Internationale René Cassin)