La politique de l’enfant unique est officiellement appliquée en Chine depuis 1980. Ce grand pays surpeuplé a ainsi freiné sa forte croissance démographique, de manière impressionnante : depuis ces trente dernières années, 400 millions de naissances auraient été évitées.
L’impératif du contrôle des naissances
Après les guerres et la grande famine, la Chine a retrouvé à la fin des années 1960 une situation relativement stable avec une forte croissance démographique. Un grand nombre de familles, essentiellement dans les régions rurales, ont eu toujours plus d’enfants, espérant pouvoir s’enrichir avec cette futur potentielle « main-d’œuvre ». Mais au vu de la faible quantité de ressources, le gouvernement s’est senti pressé d’agir à l’inverse de cette tendance, et a établi la Commission nationale de la population et du planning familial en charge du contrôle de la croissance démographique.
Une population peu enthousiaste à cette idée
L’application de la politique de l’enfant unique s’est avérée difficile, quoiqu’elle ne s’applique pas aux familles issues d’ethnies minoritaires, et qu’elle varie selon les régions. Dans un pays traditionnellement agricole, une famille nombreuse était censée devenir plus riche qu’une famille avec peu d’enfants, puisque les champs demandent une importante main-d’œuvre. La volonté de faire perpétuer le nom de famille joue en outre un rôle important dans ce pays aux 5000 ans d’histoire.
Afin d’échapper à cette politique, nombre de femmes ont accouché à l’étranger. Des familles ont préféré payer de lourdes amendes ou ne pas déclarer leurs nouveau-nés.
Une transformation de la société…
Malgré ces problématiques, la politique de l’enfant unique a permis, en allégeant le fardeau démographique de la Chine, un plus rapide développement économique. En 2010, le taux de croissance démographique est passé à 0,57%, un taux très faible pour un pays peuplé de 1,3 milliard d’habitants. Dans les grandes villes comme Shanghai, ce taux est resté négatif depuis dix-neuf ans.
Cette politique a fortement changé le concept de famille, puisque la plupart des familles se sont finalement habituées à l’idée d’avoir un seul enfant. La notion de « grande famille » a été enterrée dans la mémoire du XXe siècle. D’autant plus que la Commission du planning familial a affirmé en 2008 que « la politique de l’enfant unique ne va pas changer pendant les dix prochaines années ».
… aux effets secondaires négatifs
Cette politique est aujourd’hui le sujet d’un grand débat social. De la même manière qu’en Occident, le vieillissement de la population s’avère un problème sociétal de plus en plus inquiétant, à cause de la faible proportion de jeunes – et par conséquent d’une population active toujours plus réduite. Comme le montre le modèle « 4-2-1 » (4 grands-parents, 2 parents et 1 enfant) qui représente désormais le modèle le plus courant de la famille chinoise, l’enfant unique porte la responsabilité d’entretenir à la fois ses parents et ses grands-parents.
Par ailleurs, le déséquilibre du ratio hommes-femmes pose de plus en plus de souci dans la société chinoise. Sous l’influence des valeurs traditionnelles, certaines familles préfèrent avoir un garçon qu’une fille ; la femme a donc tendance à avorter lorsque le sexe du fœtus s’avère féminin. Aujourd’hui, le rapport entre les sexes s’élève à 120 hommes pour 100 femmes.
Pour tenter de résoudre ces problèmes, le gouvernement a relâché l’exécution de la politique de l’enfant unique depuis quelques années, en autorisant un deuxième enfant dans les familles où les parents sont des enfants uniques.