Deux jours avant la 19ème journée internationale des enseignants, l’UNESCO a publié dans un rapport ses incertitudes quant à l’objectif d’offrir une éducation primaire pour tous pour 2015. Les progrès ayant été ralentis depuis 2008 en raison de la crise économique, le recrutement de millions d’enseignants doit s’accélérer. Ce massif recrutement serait une solution pour combler la pénurie tant quantitative que qualitative dont souffrent en majorité les pays d’Afrique subsaharienne et les pays du monde Arabe. Mais recruter, est-ce suffisant pour atteindre l’objectif fixé par les Objectifs du Millénaire pour le Développement, qui vise à assurer une éducation de qualité pour tous ?
« Un appel pour les enseignant(e)s ! », c’était le slogan choisi le 5 octobre 2013 à l’occasion de la 19ème journée mondiale des enseignants. L’UNESCO et ses partenaires sont revenus sur le besoin urgent d’embaucher et de former de nouveaux enseignants pour l’enseignement primaire et secondaire. Les nouvelles projections de l’UNESCO, publiées le 3 octobre, se justifient entre autres par une forte disparité d’enfants scolarisés entre les pays riches et les pays en développement. En effet, la scolarisation des enfants a nettement progressé entre 1999 et 2010, selon l’Observatoire des inégalités, avec un taux de scolarisation en école primaire qui est passé de 82% à 89%. Cependant près de 61 millions d’enfants n’étaient toujours pas scolarisés en 2010. Alors que la demande d’accès à l’éducation est en constante hausse, la grande pénurie d’enseignants freine ce droit à l’éducation pour tous.
1,7 million d’enseignants en primaire pour 2015, 3,5 millions pour 2030
Le manque d’enseignants est plus sensible dans certaines régions, comme en Afrique subsaharienne et les pays du monde arabe, où le nombre d’enfants en âge d’être scolarisés ne cesse de croître. Ainsi, entre 2011 et 2030, ce sont 9,5 millions d’enfants qui vont chercher à accéder à l’éducation dans les pays arabes. La région subsaharienne, quant à elle, a accueilli 32 millions d’enfants de plus ces onze dernières années. Selon les statistiques de l’UNESCO, d’ici 2015, 1 million d’enseignants supplémentaires seront nécessaires, en Afrique seulement, pour combler l’écart. Des pénuries plus aigües sont observées en Erythrée et en Côte d’Ivoire où l’éducation primaire universelle ne sera atteinte qu’après 2030.
En Afrique subsaharienne et dans le monde arabe, on doit notamment se confronter aux départs des enseignants : ils seraient 1,6 million dans les pays arabes et 2,6 millions en Afrique subsaharienne à avoir abandonné leur métier après une année.
Les campagnes d’appel se poursuivent
Afin de répondre à ces obstacles à l’éducation, des campagnes de sensibilisation se sont multipliées, accompagnées de nombreuses initiatives gouvernementales. L’appel de l’UNESO aux enseignants formés et motivés le 5 octobre dernier renvoie notamment à la campagne de la Semaine Mondiale d’action (SMA) du 21 au 27 avril 2013. La SMA, organisée par la Campagne mondiale pour l’éducation (CME), était centrée cette année sur le rôle crucial de l’enseignant avec le slogan « chaque enfant a besoin d’un(e) enseignant(e) ». Par sa reconnaissance honorifique et son intérêt central pour la qualité de l’enseignement, le Prix UNESCO-Hamdan Bin Rashid Al-Maktoum, qui récompense « les pratiques et performances exemplaires pour améliorer l’efficacité des enseignants », participe également de cette démarche de sensibilisation.
Recruter oui, mais à quel prix ?
Malgré la situation précaire qui nécessite une action à la fois locale et internationale d’urgence, le recrutement est ralenti par des contraintes économiques. Si nombreux sont les enseignants qui souffrent d’un salaire souvent bas, ce manque de considération nuit à la qualité de l’enseignement. « Chaque enfant a droit à un enseignant professionnel et formé », a déclaré le secrétaire général de l’Internationale de l’Education (IE) Fred Van Leeuwen lors de la SMA, avant d’ajouter : « Pour atteindre cet objectif, les gouvernements doivent investir au moins 6% du produit intérieur brut dans l’éducation » – alors que la plupart des pays africains n’y dédient qu’environ 3% de leur PIB.
Il ne suffira donc pas aux gouvernements de recruter des enseignants en nombre, mais également de leur offrir une formation rigoureuse, qui garantira une qualité d’éducation pour tous.