Hier soir se tenait à Paris la remise du prix Pinocchio, organisé à l’initiative des Amis de la Terre et en partenariat avec le CRID et Peuples Solidaires.
Le prix Pinocchio est décerné à ces entreprises multinationales qui, sous couvert des termes clinquants de « responsabilité sociale et environnementale », ne font que persister dans leurs attitudes peu scrupuleuses et sans aucuns soucis de respect de l’environnement et des droits sociaux, notamment dans les pays du Sud. Ces entreprises profitent des retombées positives en termes d’image de leur politique supposée « verte », mais leur impact négatif n’est en rien freiné par le vide législatif, et leurs engagements sont largement inopérants.
Trois Prix Pinocchio ont donc été sélectionnés dans trois catégories que voici :
Dans la catégorie « Plus Vert que Vert », le prix a été décerné à l’entreprise ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles. AREVA remporte le prix, en grande partie grâce à l’ouverture du musée Urêka à la gloire des mines d’uranium, au grand mépris de l’impact catastrophique qu’ont eu les extractions sur le sol français – dans le Limousin notamment – ainsi qu’actuellement au Niger.
Dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi ! », l’entreprise récompensée est celle qui a mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles. VEOLIA remporte ce prix, par son opération de privatisation de l’eau en Inde, lorsque l’entreprise se présente en héros apportant l’eau aux démunis. La réalité est bien différente ; les tarifs grimpent, les conflits éclatent avec les locaux, et l’eau continue d’arriver en camion-citerne.
Enfin, dans la catégorie « Mains sales, poches pleines », l’entreprise récompensée est celle ayant mené la politique la plus opaque au niveau financier (corruption, évasion fiscale, etc.), en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d’approvisionnement. Et c’est ici Auchan que est primé, dénonçant son implication prouvée dans l’effondrement des usines textiles au Bangladesh, qui avait fait près de 1130 morts.
Dénonçant de nombreuses violations des droits des peuples et de l’environnement, les Prix Pinocchio ont su gagner en importance depuis leur création en 2008, et contribuer ainsi à faire pression sur les entreprises pour qu’elles changent leurs pratiques.
Juliette Renaud, chargée de campagne sur la Responsabilité sociale et environnementale des entreprises aux Amis de la Terre, commente : « Cette année, les Prix Pinocchio interviennent au moment même où une proposition de loi sur le devoir de vigilance des multinationales est déposée à l’Assemblée Nationale. […] Nous espérons vivement que les parlementaires et le gouvernement sauront maintenant résister aux pressions des lobbies et que cette loi sera votée et mise en œuvre rapidement. »