Gilles Berhault, Jean-Christophe Carteron, Ronan Dantec, Michel Delebarre, Bettina Laville, Patricia Savin et Hélène Valade appellent à « un plan Marshall » en vue de la conférence climat de Paris en 2015.
Ce 22 novembre 2013, la France a « gagné » l’organisation de la Conférence mondiale pour le Climat 2015, la « COP21 ». Il s’agit d’une responsabilité importante sur un sujet particulièrement complexe. C’est également et surtout la reconnaissance des 193 autres pays qui constituent l’ONU de la capacité de la France à parrainer une négociation du multilatéralisme environnemental et c’est la première fois. Le pari est évidemment risqué. La négociation va être tendue, et Varsovie 2013, la COP19 a de nouveau démontré l’immense difficulté à s’entendre autour de contraintes à la hauteur des enjeux, entre pays et avec la société civile. Mais quelle opportunité historique pour la France !
Les prochains rendez-vous de Lima en 2014 et surtout de Paris en décembre 2015 devront définir la suite du Protocole de Kyoto, et placer au cœur des politiques publiques la question des changements climatiques comme une priorité. Il s’agit d’un objectif de préservation d’un bien commun. Nos équilibres sont très largement menacés. Il nous faut lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, préserver notre capital ressources et déjà adapter nos modes de vie et de travail. Ce sera l’année aussi où les pays, suite au Sommet de la terre Rio+20 transformeront les Objectifs du millénaire pour le développement, en objectifs partagés pour le développement durable.
Cette confiance des membres de l’ONU et de son Secrétaire général, monsieur Ban Ki-moon, dans les capacités de la France à relever ce défi est également la reconnaissance d’une légitimité fondée par la diplomatie française depuis la conférence de Rio de 1992, en particulier dans l’espace de la Convention sur les changements climatiques dont le négociateur, Jean Ripert, était français. C’est aussi une reconnaissance de l’expérience très opérationnelle de territoires engagés, de chercheurs talentueux et d’entreprises innovantes. Remercions en cela tous ceux qui ont été les promoteurs et acteurs d’outils opérationnels de mises en œuvre de solutions : lois, Agendas21, plans climat énergie territoriaux, « démonstrateurs menés » par l’ADEME, innovations des entreprises, actions citoyennes.… Même si ces démarches ne sont pas à l’échelle du dernier rapport du GIEC, elles permettent d’ores et déjà d’obtenir des résultats, et inspirent d’autres pays, d’autres villes. Reste à les généraliser.
Évidemment, tout ceci n’est pas encore satisfaisant. Evidemment la qualité d’organisateur de cette conférence 2015 des Nations Unies nous engage à mettre en œuvre un réel plan Marshall du climat, y compris en adaptant réellement infrastructure ou agriculture, en faisant jouer un rôle important à chaque étape de la préparation aux villes et aux régions, en s’appuyant sur les associations qui les fédèrent, comme le propose le rapport confié aux sénateurs Michel Delebarre et Ronan Dantec , mais aussi dans nos écoles en renforçant la pédagogie.
« Paris Climat 2015 » doit devenir un véritable projet collectif, une opportunité pour repenser ce que certains appellent un nouveau projet de civilisation plus durable. Ce n’est pas un regard sur le passé, mais bien une approche plus équitable de la gestion publique, une opportunité pour les chercheurs comme pour les entreprises de faire connaître leurs talents et compétences au service de la société du 21e siècle. C’est une opportunité de production de richesses et d’emplois.
Il s’agit de poser les fondements de la première entreprise humaine d’adaptation globale aux conditions nouvelles de vie sur la terre.
C’est tout le travail mené par le Comité 21 en France, en regroupant plus de 500 réseaux, entreprises, collectivités territoriales, associations et ONG, organisations académiques depuis 20 ans. C’est l’ambition du Club France développement durable qui démontre chaque jour que 70 réseaux très différents peuvent coopérer et agir utilement.
Ne boudons ce moment de joie, l’heure est à l’enthousiasme de la mobilisation et à la conscience de la responsabilité. Le 21e siècle est le siècle de nouvelles valeurs, de nouvelles lumières collectives ou chacun peut – doit – apporter sa contribution, pour que notre nid écologique ne disparaisse pas à très court terme. Valorisons et mettons vite en œuvre toutes les solutions. Cet événement international qui aura lieu en France est aussi l’occasion d’une plus grande sensibilisation et engagements aux changements de comportements individuels.
Pour relever et gagner le défi de cette COP21, la diplomatie française aura besoin de tous les acteurs : scientifiques, associatifs, journalistes, juristes, citoyens… Nous avons besoin de tous les acteurs, d’une équipe multiacteurs qui ne renonce jamais, match après match.
Nous avons deux ans !
Gilles Berhault, Président du Comité d’orientation du Club France développement durable président du Comité 21, organisateur de l’événement « Solutions françaises 2015 pour le Climat »
Jean-Christophe Carteron, coordinateur « Rio+20 » de la Conférence des grandes écoles et de la Conférence des présidents d’universités
Ronan Dantec, sénateur, porte parole mondial « climat » de Cités et gouvernements locaux unis
Michel Delebarre, sénateur, président de Cités Unies France et des Communautés urbaines de France
Bettina Laville, conseillère d’État, directrice de la rédaction de la revue Vraiment durable
Patricia Savin, présidente d’Orée
Hélène Valade, présidente du Collège des directeurs développement durable