La communauté internationale, désormais unie dans son appel pour mettre un terme à la violence à l’encontre des femmes, ne cesse de mettre en valeur des initiatives féminines et féministes d’aide aux victimes et/ou survivantes de violences. Mais elle oublie trop souvent les initiatives masculines, qui sont pourtant elles aussi nombreuses.
Hormis les organisations internationales qui rassemblent des hommes dans la lutte pour les droits des femmes et contre les violences de genre, telles que la campagne White Ribbon, les organisations nationales d’hommes contre les violences faites aux femmes se multiplient, notamment aux Etats-Unis. NOMAS (National Organisation for Men Against Sexism), par exemple, a été créée il y a près de quarante ans ; A Call to Men a été lancé en 2002, pour ne citer que ces initiatives. Plus récemment encore, un groupe d’hommes a monté ce qui, d’une certaine façon, est une version masculine des Monologues du Vagin, afin de montrer que le viol ou les violences subies par une femme ont un impact sur la société dans son ensemble.
The MENding Monologues, comme ils s’appellent (pour jouer sur les mots, « mend » signifiant « réparer » en anglais, et « men », « hommes »), fait la tournée des Etats-Unis depuis 2008 et reverse l’argent gagné à des refuges pour femmes victimes de violences. Ils se sont inspirés de la pièce de théâtre écrite par Eve Ensler en 1994, Les Monologues du Vagin, laquelle ne cesse d’être en représentation à travers le monde et sert à fédérer, depuis 1998, les communautés pour se soulever contre les violences faites aux femmes dans le cadre du V-Day, chaque 14 février.
Les violences de genre représentent un problème pour la société
Derek Dujardin, l’un des fondateurs des MENding Monologues, fait part de sa surprise lorsqu’il a abordé pour la première fois le sujet des violences faites aux femmes avec ses amis. « Sur huit hommes, nous nous sommes rendus compte que nous étions cinq ou six à connaître une femme qui avait subi des violences », explique-t-il, avant d’ajouter, « mais surtout, nous avons, chacun, été affecté par ce qui est arrivé à ces femmes qui nous sont chères ».
Aussi, ils ont décidé de monter cette pièce de théâtre – qui est constamment peaufinée et retravaillée – afin d’exorciser leurs vieux démons. « Sans vouloir minimiser l’impact des violences sur les femmes elles-mêmes, ce que nous cherchons à faire en racontant nos histoires, c’est mettre la lumière sur les hommes qui sont dans la vie de ces femmes. Sur les frères, les pères, les petits copains, les fils… Comprendre comment ils réagissent à ces violences sexuelles, à quel point ils sont affectés. Cela permet de comprendre que le problème se pose à la société entière, pas seulement aux femmes. »
Derek Dujardin a raconté à Opinion Internationale son histoire. Il a souffert d’apprendre que l’une de ses camarades à l’université avait été violée par l’un de ses amis, il a voulu confronter le coupable, mais n’en a pas trouvé le courage. « La souffrance des hommes dans ces cas-là n’est jamais reconnue, puisque ce ne sont pas eux qui ont été violés. Pourtant, cette violence, à l’encontre des femmes, ne se répercute que trop bien, sur l’ensemble de la société », déplore-t-il. « Les MENding Monologues servent donc à cela, ils servent aux hommes à mettre en mots leur douleur et ainsi à l’évacuer. »