Amnesty International a rendu public un rapport mercredi 12 février et qui dénonce un nettoyage ethnique qui viserait en particulier les musulmans.
Les anti-balaka appelés à tort milice chrétienne sévissent en République Centrafricaine depuis septembre 2013. Ils rivalisent avec les éléments de la Séléka dans leurs actes de violence avec un pic et une montée en puissance le 5 décembre dernier et encore plus depuis la démission forcée de Michel Djotodia, chef de la Séléka et ancien chef d’Etat de la Transition.
Les Forces de la MISCA appuyées par les éléments français de l’opération Sangaris sont essentiellement déployées dans Bangui la capitale et ont a priori du mal à sécuriser cette partie du pays où les deux belligérants, Séléka et anti-balaka continuent leur carnage ; alors à fortiori, comment peuvent-ils intervenir efficacement à l’intérieur du pays où finalement les habitants sont des « laisser pour compte »? Ces forces ne sont présentes qu’à Bouar et Bossambélé, dans l’ouest du pays, mais ne disposent pas d’un fort effectif pour pouvoir maintenant faire face aux exactions commises par les milices anti-balaka.
« Les milices anti-balaka mènent des attaques violentes dans le but de procéder au nettoyage ethnique des musulmans en République centrafricaine », a déclaré Joanne Mariner, conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise.
« On assiste à un exode des musulmans sans précédent. »
Depuis la fin 2013, c’est un revirement de situation. En effet, dès avril de la même année, les éléments de la Séléka commettaient des atrocités contre les populations majoritairement chrétiennes. Nous gardons en mémoire les événements de Bossangoua où des milliers de chrétiens se sont réfugiés dans l’archevêché. Dès lors, ce sont les milices anti-balaka qui veulent en découdre avec la communauté musulmane en représailles. C’est un départ massif de cette communauté qui quitte Bangui et ses environs. Paradoxe. L’ennemi « numéro un » de la Centrafrique jusque-là se dénommait « Séléka », mais les éléments anti-balaka qui étaient beaucoup plus considérés comme une milice d’auto-défense ont petit à petit gagné du terrain, se sont organisés jusqu’à devenir incontrôlables et « détrôner » la Séléka. Nous assistons quasiment à une guérilla en République centrafricaine. Faille-t-il pour autant comme pour les Séléka user de la même stratégie, les cantonner ?
Le général Francisco Soriano qui dirige l’opération Sangaris n’a pas mâché ses mots. « Qui sont les ‘anti-balaka’ ? Qui est leur chef ? Quel est leur message politique ? Quelle est leur chaîne de commandement ? Personne ne sait rien. C’est une nébuleuse, nous sommes incapables de mettre un vrai visage », a-t-il assuré. Pour le commandant de la force française, cantonner les miliciens leur conférerait une légitimité dont ils ne disposent pas, selon lui. « Ce serait leur donner la possibilité de devenir une force qu’ils ne sont pas au service d’un sombre dessein », a-t-il estimé. Rappelant la nécessité de « chasser » les miliciens, il n’a pas hésité à les qualifier de « hors-la-loi » et de « bandits ».
En Centrafrique c’est tous les jours que les médias centrafricains informent la population sur les tragiques événements que vit la communauté musulmane, notamment l’histoire d’Abdul Rahman qui en a ému plus d’un : Un petit garçon appelé Abdul Rahman a raconté à Amnesty International que, le 14 janvier, le camion à bord duquel il voyageait avait été stoppé à un poste de contrôle tenu par les anti-balaka. Ils ont exigé que tous les passagers musulmans descendent. Six membres de sa famille ont alors été tués : trois femmes et trois jeunes enfants, dont un bébé.
« L’urgence de la situation exige une réponse immédiate, a déclaré Joanne Mariner. Il est temps que l’opération de maintien de la paix en République centrafricaine protège la population civile, se déploie dans les zones à risques et stoppe cet exode massif. »
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian est arrivé ce mardi à Bangui. Il a annoncé des mesures strictes des éléments de Sangaris et des forces de la MISCA dont l’objectif serait de désarmer les milices et par la force en cas de nécessité.
Le drame qui se déroule en République centrafricaine n’a que trop duré, il est temps maintenant de mettre un peu d’ordre dans ce désordre opéré par la Séléka et les anti-balaka sur les communautés chrétienne et musulmane. En Centrafrique les chrétiens et musulmans ont toujours vécu en toute fraternité.
Lire le rapport d’Amnesty International