Idylle Mamba, auteure, compositrice et interprète originaire de la République centrafricaine a chanté, en mars, en duo avec Youssou N’Dour en faveur de la paix en Centrafrique. Meurtrie par les événements dans son pays, elle donne son sentiment sur la crise centrafricaine.
Racontez-nous votre rencontre avec Youssou N’Dour et comment vous en êtes arrivés à chanter ce duo pour la paix en Centrafrique ?
C’est grâce à Habi Touré, l’actrice de la série « Aimé malgré lui » que je tiens à remercier au passage. C’est elle qui m’a appelée un après-midi pour m’annoncer que Youssou N’Dour cherchait une ou un chanteur centrafricain pour un duo en faveur de la paix en Centrafrique. Elle a pensé tout de suite à moi, parce qu’elle me suit depuis un moment et connait mon travail et pensait que nos voix pouvaient bien se marier.
Il se trouvait que j’avais le tournage de mon clip « Maman » le lendemain mais j’ai dû tout annuler pour être disponible parce que Youssou N’Dour souhaitait que cela soit fait le plus rapidement possible. J’ai dit oui sans hésiter ! D’abord parce que la cause me tenait à cœur et, aussi, un duo avec l’icône de la musique africaine… ça ne se refuse pas.
Vous êtes en France pour votre travail, quelles sont les prochaines dates et lieux où vous allez vous produire ?
J’ai chanté il y a quelques jours au Théâtre de la ville de Paris aux cotés des grands comme: Ray Lema, Lokua Kanza, Bonga, Youssou N’Dour. Je rappelle qu’ils se sont tous mobilisés pour la paix en RCA.
La suite pour moi sera du 14 au 21 Juin au festival « Women stand up » pour deux dates à Paris et une à Bruxelles. Les précisions sur les salles seront données ultérieurement. En attendant je retourne au Cameroun où je réside pour d’autres projets avant un retour fin mai à Paris.
Que ressentez-vous au fond de votre cœur en tant qu’artiste face au drame que vit votre pays ?
Je suis meurtrie.
Je ne reconnais plus mon pays ni même ses enfants… Cette fois-ci nous avons atteint le summum… c’est vraiment déplorable. Ce qui est fait est fait, maintenant il faut apprendre de nos erreurs et aller de l’avant, main dans la main.
Comment comptez-vous poursuivre votre combat pour la paix en RCA ?
On l’a déjà dit Youssou N’Dour et moi. Nous sommes prêts à descendre en Centrafrique pour rencontrer la population autour d’une note de musique. Mais en attendant cela, il faut d’abord que tous les Centrafricains retrouvent un foyer, qu’il n’y est plus personne sur les sites des déplacés, que les salaires soient payés, que la sécurité soit rétablie, que les Centrafricains retrouvent leur vie d’avant…
Quel est le message que vous voulez adresser à nos lecteurs et aux Centrafricains ?
Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer.
Je dirai aux Centrafricains de se ressaisir et de se poser les bonnes questions. Savent-ils seulement pourquoi ils se battent ? Pourquoi ils tuent leurs semblables ? Cette guère n’est pas la nôtre.
Les responsables politiques doivent prendre leurs responsabilités, remettre de l’ordre au plus vite dans cette situation. Eux seuls ont les réponses aux questions que j’ai posées plus haut.
Nous ne voulons pas la partition de notre pays. Il est plus que nécessaire que nous retrouvions cette vie en communion entre les religions. Jeunesse, ouvrons les yeux et prenons notre vie en main !
Mon souhait est que les Centrafricains prennent conscience de l’inutilité de toutes ces violences. Comme on a dit, Youssou N’Dour et moi, dans « One Africa », la paix transforme nos vies en or, alors faisons en sorte que cette paix puisse trouver refuge en République Centrafricaine pour l’éternité.
Je vous remercie.
Propos recueillis par Lydie Nzengou
Idylle Mamba est une auteure, compositrice et interprète originaire de la République centrafricaine.
A 14 ans, elle rejoint le Focus Masseka, une formation 100% féminine de musique expérimentale, un concept inédit qui fait la part belle aux sons d’outils de cuisine traditionnelle (mortier, couvercle de marmite, balai, etc.). Cette expérience lui permettra d’effectuer ses premières scènes internationales et des festivals dont « Massao » et « Abok-Ingoma » au Cameroun.
Elle a eu la chance de faire les premières parties de Lokua Kanza et Tiken Jah Fakoly à l’Alliance Française de Bangui en 2004 et 2005. Par la suite, elle bénéficie d’une bourse de la Coopération Française pour étudier et se former aux musiques vivantes, au jazz, aux techniques vocales et aux improvisations pendant deux ans au « Music’Hall », une école de renom basée à Toulouse, dont elle sort en 2009.
Son premier maxi single est « Sango & vous », suivi en 2013 par « Bêkou », son premier album. Elle participe à de nombreux festivals en Afrique, notamment au Cameroun, au Congo Brazzaville, précisément à Pointe Noire, au Tchad, au Gabon, et chez elle, en Centrafrique. En septembre 2013, bien que son pays ne l’ait pas soutenu financièrement, elle le représente aux 7ème Jeux de la Francophonie à Nice en France.
Avec le collectif « SOS Paix en Centrafrique », elle sort un single au début de la crise centrafricaine. Le dernier single en date est le duo avec l’icône de la musique africaine, Youssou N’Dour.