Le plus glamour, le plus universaliste et le plus cinéphilique des Festivals de cinéma dans le monde déroule son tapis rouge à partir d’aujourd’hui. Cannes 2014 promet d’être un grand cru avec des films du monde entier et un jury, comme chaque année, très international, où sont représentés la Chine, la Corée, le Danemark, les Etats-Unis, la France, le Mexique… et l’Iran avec la sublime Leila Hatami.
Le réalisateur iranien Abbas Kiarostami, 73 ans, Palme d’or en 1997 pour Le Goût De La Cerise, présidera également le jury des courts-métrages et de la Cinéfondation du Festival de Cannes.
Icône du cinéma iranien, Leila Hatami, née dans une famille de cinéastes, a connu la consécration mondiale avec le film d’Asghar Farhadi Une séparation, film multi-primé dans le monde avec l’Ours d’or au Festival de Berlin, le César et l’Oscar du meilleur film étranger en 2011. Surprise du box-office, rien qu’en France, un million de spectateurs découvriront Leïla Hatami.
La présence de Leila Hatami dans le jury de Cannes est plus qu’un symbole, l’expression du double rayonnement du cinéma iranien et des femmes dans ce cinéma.
Pour ceux qui ne connaissent pas l’Iran, il y a comme une double anomalie du cinéma iranien. Son génie intrinsèque et les rôles qu’y tiennent les femmes tranchent avec l’image galvaudée et erronée de l’Iran dans le monde. Mais cette image une fois écartée, force est de reconnaître qu’il y a tout de même un mystère du cinéma iranien : comment arrive-t-il à restituer avec un tel talent artistique les réalités iraniennes dans un pays où la censure y règne ? Or c’est le contraire qui se passe : la censure a sublimé le talent des cinéastes iraniens et la puissance créatrice de ses comédiens et surtout de ses comédiennes.
Nous prendrons comme témoignage de ce génie du cinéma persan le dernier film iranien qu’il nous a été donné de voir. Certes, c’est un film dont les femmes sont malheureusement totalement absentes mais « Iranien » de Mehran Tamadon, Grand Prix du dernier Festival du réel à Beaubourg, montre comment un réalisateur chevronné, têtu et génial arrive à contourner la censure pour faire débattre quatre hommes de dieu avec un laïc athée (le réalisateur). Les exemples sont nombreux de ce génie iranien…
Côté femmes, nous l’avions évoqué début mars avec une interview d’Asal Bagheri dont le titre soulignait ce paradoxe iranien : « Et la nécessité créa le cinéma des femmes iraniennes ». Les femmes illuminent en effet le cinéma iranien et y tiennent un rôle central depuis qu’elles sont passées devant la caméra et depuis qu’elles réalisent des films.
Dans le cinéma documentaire en Iran, on peut citer la réalisatrice Rakshan Bani Etemad, une des légendes de la cinématographie mondiale, surnommée la Dame du cinéma : elle a su dans ses films brosser des portraits saisissants des femmes iraniennes, de leur courage et des grands phénomènes de société de son pays.
C’est toute cette richesse du cinéma iranien que Leila Hatami incarnera en siégeant dans le plus prestigieux des jurys de cinéma.