Depuis dimanche dernier, la capitale centrafricaine connaît une nouvelle vague de violences qui fait craindre à la fois pour la sécurité des populations et la transition installée depuis plus de trois mois.
Il est 15h mercredi, lorsque les cris retentissent dans l’église Notre-Dame de Fatima à Bangui. Les rebelles de la Séléka mènent un assaut meurtrier, à l’aide de grenades et de mitraillettes, à l’encontre des chrétiens réfugiés dans ce lieu de culte. Bilan, une quinzaine de morts dont un prêtre. Des enlèvements auraient également été signalés. Les tensions inter-religieuses n’ont toujours pas cessées depuis la démission de Michel Djotodia, ancien chef d’Etat de transition et ancien président de la Séléka en janvier, bien au contraire, elles se poursuivent, avec quelques accalmies et cette dernière recrudescence des violences à Bangui depuis une semaine.
Tout a commencé lorsque trois jeunes issus de l’un des derniers bastions musulmans de la capitale – le quartier PK-5 – avaient été lynchés et mutilés alors qu’ils se rendaient à un match de football dans le cadre des activités réalisées dans le volet réconciliation nationale. Cet incident a ainsi mis le feu aux poudres et entrainé une surenchère dans les deux camps. Pour la première fois, depuis plus d’un mois, des barricades ont été dressées dans les rues de Bangui et des check-points filtraient le passage des véhicules.
La population centrafricaine non musulmane qui est à l’origine de ces barrages, accuse les forces armées multinationales de la Misca et de l’opération Sangaris de ne pas avoir été en mesure de les protéger, voir même d’avoir laissé faire. « Heureusement que les anti-balaka sont venus pour nous protéger. Sinon il y aurait eu beaucoup plus de morts » confiele père Gabriele Perobelli au Monde.
Certains dénoncent même « un complot » ayant pour but d’interrompre la transition. Selon le Premier ministre André Nzapayéké, des « personnes qui sont très proches du pouvoir, qui sont même autour du cabinet de madame la Présidente » seraient impliquées, comme il l’a expliqué sur Radio France international. Susciter une véritable guerre civile sur fond de luttes religieuses serait en effet le meilleur moyen de renverser un gouvernement encore fragile.
Dès le lendemain, en guise de représailles, une mosquée du quartier Lakouanga de Bangui a été vandalisée.
Depuis l’attaque de l’église Notre-Dame de Fatima, la force Sangaris s’est déployée autour du quartier musulman du PK5 pour éviter que la situation ne dégénère. En province les affrontements se poursuivent entre les éléments de la Séléka et les milices anti-balaka, principalement dans les régions où les populations musulmanes se sont exilées et ont été déplacées.
En attendant, les 12 000 casques bleus des Nations unies qui devraient être déployés en Centrafrique en septembre prochain sont attendus avec une grande impatience ressentie parmi la population afin de sécuriser le pays. Trois mois c’est encore trop long pour le peuple centrafricain qui aspire à retrouver très vite une vie normale. « Trop c’est trop » crient-ils.