Aujourd’hui s’ouvre à Londres le Sommet mondial pour mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits. Trois jours durant, la communauté internationale a été invitée par le ministère britannique aux Affaires étrangères, William Hague, à trouver des solutions concrètes pour voir la fin de telles atrocités.
Les violences sexuelles en temps de conflit sont répandues. Les faits sont là ; bien que des chiffres précis soient impossibles à obtenir à cause principalement de la difficulté à récolter des preuves, la prévalence de la violence sexuelle est particulièrement élevée en temps de conflit, et n’épargne personne – femmes, hommes et enfants en sont victimes.
Alors que des violences sexuelles ont longtemps été commises en temps de guerre – le viol étant l’ « arme » de choix pour affaiblir le moral des populations ennemies – la communauté internationale n’a que récemment décidé d’agir pour y mettre un terme. Ainsi, la première résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU sur les femmes en temps de guerre, la résolution 1325, date de l’an 2000, et ce n’est que huit ans plus tard que l’ONU a déclaré le viol « crime contre l’humanité », faisant référence en particulier aux cas d’ « épidémie de viols » en République démocratique du Congo.
L’impunité règne
Malgré cette prise de conscience des acteurs internationaux de l’ampleur des violences sexuelles en temps de conflit, ces dernières ne faiblissent pas. L’actualité des plus récentes, avec l’enlèvement des jeunes filles au Nigéria, démontre à quel point les conflits exacerbent ce phénomène qui peut prendre diverses formes.
En effet, ces violences ne sont pas seulement le fait des populations ennemies ; l’instabilité qu’engendre un conflit dans une société conduit à une intensification des viols et violences sexuelles commises par les proches des victimes – un scénario qui est déjà trop fortement présent en temps de paix.
Dans son dernier rapport, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Mme Zainab Hawa Bangura, insiste sur les violences sexuelles dont sont victimes les hommes et garçons, bien trop souvent ignorées.
Le réseau Survivors Speak Out ! cherche également à sensibiliser sur les violences sexuelles commises à des fins de torture. Serge-Eric, son co-fondateur, a expliqué au Frontline Club à Londres la semaine dernière que les survivants de violences sexuelles et de torture, bien qu’ils se sentent ostracisés et presque déshumanisés, doivent prendre leur place aux côtés des décideurs pour mettre un terme à de telles exactions.
Les enfants ne sont pas épargnés par ces crimes. En temps de conflit, ils sont mutilés, enlevés, recrutés par des groupes paramilitaires, privés de leurs droits à l’éducation et à la santé, victimes de violences sexuelles, et tués, ainsi que l’a tristement noté Leila Zerrougui, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, lors d’une conférence à la London School of Economics (LSE) hier.
Mme Zerrougui a qualifié ce Sommet d’« opportunité sans précédent », et elle espère qu’il permettra aux gouvernements de prendre conscience de l’ampleur de la tâche et de s’y atteler, pour que les violences sexuelles ne soient plus une réalité.
It is #TimeToAct !
Du 10 au 13 juin donc, se tiendront des dizaines de conférences organisées par des organisations non-gouvernementales, mais également des pièces de théâtre, des ateliers et des projections de films indépendants – dont celui qu’a dirigé Angelina Jolie en 2011, In the Land of Blood and Honey, relatant de la guerre en Bosnie dans les années 1990.
Le public sera constitué de représentants de la société civile, mais également de membres des instances judiciaires et militaires, ainsi que des gouvernements.
En outre, sous l’égide de l’actrice et ambassadrice auprès des Nations unies, Angelina Jolie, le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague, va donner le coup d’envoi au Protocole International concernant la collecte d’information et les enquêtes sur les violences sexuelles dans les conflits. Il continue ainsi sur sa lancée de la Déclaration sur la prévention des violences sexuelles dans les conflits ; signée en septembre 2013, pas moins de 148 pays l’avaient approuvée début mai.
Le 5 juin dernier, Mr Hague a déclaré : « L’utilisation de la violence sexuelle en temps de guerre est l’une des plus grandes injustices de notre temps… Les responsables ne discriminent pas car ce n’est pas une question de rapport sexuel, mais de violence, terreur, pouvoir et contrôle. »
Avant d’ajouter que lors du Sommet, « il sera demandé aux représentants des pays signataires de s’engager pour une action concrète qui contribuera à éliminer le viol et la violence sexuelle en temps de conflits de l’arsenal mondial de la cruauté. »
Rendez-vous vendredi pour le verdict final…